D’illustres origines
L’inauguration du Louvre, à Paris, en 1793, a ouvert la voie à ce que nous appelons aujourd’hui le patrimoine artistique. Après 1814 et la guerre d’indépendance contre la France, Madrid a pris conscience de l’esprit éclairé qui émanait du Louvre. L’intérêt de Maria Isabel de Bragance, la troisième femme du roi Ferdinand VII, pour les arts et les tableaux du monarque qui s’empoussiéraient, a créé les conditions favorables à la naissance du Prado.
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Un jour par semaine
Le Musée royal de peinture et sculpture a été inauguré le 19 novembre 1819 dans l’édifice qui abritait jusque là l’Académie des sciences au rez-de-chaussée et le Cabinet de sciences naturelles à l’étage. À son ouverture, il exposait 311 tableaux espagnols. On ne pouvait le visiter qu’un jour par semaine, avec l’autorisation ou sur recommandation d’un membre de la cour. Les tableaux n’étaient pas accompagnés de fiches descriptives, ils n’étaient que numérotés et portaient le nom de leur auteur. En 1868, de «royal» le musée est devenu «national».
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La salle de l’indécence
Au début, Ferdinand VII s’est plaint d’un groupe d’œuvres «à peine décentes» qui ne devraient pas être exposées au public. Le roi faisait référence aux nus, une vieille tradition aristocratique. C’est ainsi qu’est née la salle réservée du Prado, à laquelle on ne pouvait accéder sans autorisation spéciale.
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Trois millions de visiteurs
Le Prado est au 13e rang des musées les plus visités d’Europe. Il a accueilli près de trois millions de visiteurs en 2018 – une augmentation de plus d’un million au cours de la dernière décennie. Selon une enquête conduite par le musée, 37,5% des Espagnols interrogés ont déclaré ne l’avoir jamais visité.
La suite royale
En 1828, une salle de portraits a été réservée à l’usage de la famille royale à côté de laquelle on a curieusement aménagé une petite pièce dédiée à l’hygiène personnelle. C’est là qu’étaient les toilettes de Ferdinand VII, conçues en 1830 en bois de pin incrusté d’acajou et de bois de rose, par l’ébéniste Ángel Maeso. La majorité des toiles qui s’y trouvaient sont aujourd’hui exposées à la salle 39 de l’aile Villanueva, reproduisant fidèlement la pièce et son annexe, pots de chambre (pour homme et pour femme) et nécessaire de toilette compris.
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Le pionnier des fausses nouvelles
En 1891, le journaliste Mariano de Cavia a publié dans le journal El Liberal un article intitulé «Catastrophe la nuit dernière: l’Espagne en deuil. Incendie au musée de peinture»: le feu, affirmait-il, avait détruit la toiture du musée du Prado et une partie de ses ailes. Accourus sur place, les Madrilènes ont bien constaté qu’il n’y avait aucune trace d’incendie. Le journaliste avait créé cette nouvelle de toutes pièces pour attirer l’attention du public sur l’état déplorable du musée.
Musée ambulant
En 1933, la Seconde République a voté une loi sur la protection des œuvres d’art, qui a jeté les bases de la législation actuelle sur le patrimoine culturel espagnol. À peu près au même moment, des «missions pédagogiques» ont été organisées pour faire circuler des reproductions de chefs-d’œuvre aux quatre coins du pays. C’est ce qu’on a appelé le «musée ambulant».
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Exil à Genève
Pendant la guerre civile, les pièces les plus importantes du musée ont été mises à l’abri à Genève, où une exposition a eu lieu en 1939. Le voyage a commencé en 1938, à Valence. Le gouvernement républicain a d’abord dirigé les œuvres les plus précieuses vers la Catalogne, où elles ont été temporairement entreposées dans la forteresse de Figueres, le château de Peralada, et dans les mines de talc de La Vajol, avant d’entreprendre leur périple vers la Suisse.
Le retour du dernier exilé
Le 10 septembre 1981, Guernica, le chef-d’œuvre de Pablo Picasso, est revenu en Espagne après avoir été exposé pendant 44 ans au Musée d’art moderne de New York (MoMA), conformément à la volonté du peintre de le conserver hors de l’Espagne de Franco. Jusqu’en 1992, il a été exposé au Casón del Buen Retiro, puis transféré au musée Reina Sofía.
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Au féminin
En 2016, Clara Peeters est devenue la première femme peintre à être exposée en solo au Prado. Les œuvres de trois grandes artistes de la Renaissance et du baroque sont exposées au musée, mais elles étaient peu connues du grand public jusqu’à ce qu’en avril dernier de nombreux écrans installés à Madrid aient présenté leurs œuvres. Celles d’Artemisia Gentileschi, une peintre de la Renaissance italienne, célèbre pour ses portraits féminins, comme ceux de Lucrèce, Bethsabée et Cléopâtre; de Sofonisba Anguissola, considérée comme la première artiste à succès de la Renaissance, qui a travaillé à la cour du roi Philippe II; et de Clara Peeters, une artiste flamande qui a popularisé l’usage des autoportraits dissimulés dans des éléments de natures mortes.
Les plus copiés
Les artistes les plus copiés dans l’histoire du musée sont, dans l’ordre: Velázquez, Goya et Murillo. Selon le registre des copistes, chacun des trois peintres a donné lieu à plus de 5000 reproductions. Les œuvres les plus fréquemment copiées sont Le triomphe de Bacchus, le Christ crucifié et Les fileuses de Velázquez; La vendange, La poule aveugle et Le parasol de Goya; L’Immaculée Conception et La Vierge au chapelet de Murillo, et les Dolorosas de Titien. Bien que les copies des Ménines de Velázquez ne soient plus autorisées, il y a encore un siècle, il s’en faisait 20 reproductions chaque année.
L’importance des Ménines
L’un des trésors artistiques les plus exceptionnels du musée, Les Ménines de Velázquez, a inspiré de nombreux artistes. Parmi eux, Pablo Picasso, qui a créé une série de 56 tableaux analysant et réinterprétant le tableau. D’autres artistes, comme Richard Hamilton, ont ensuite réalisé leurs propres versions de la réinterprétation de Picasso.
Le plus ancien
La sculpture Retrato de un funcionario egipcio («Portrait d’un fonctionnaire égyptien») date d’environ 530. Quant aux peintures les plus anciennes, ce sont les six murales de l’ermitage de San Baudelio de Berlanga, qui sont de 1125.