On dit souvent que quand on se compare, on se console. Le dicton peut s’appliquer aux pandémies: celle qui nous frappe en ce moment ne décimera pas la planète comme le font en général celles que des scénaristes aux idées apocalyptiques ont imaginées. Par contre, ce que nous traversons aujourd’hui a des effets (psychologiques, économiques, sociaux, etc.) qui feraient piètre… effet à l’écran et sont, du coup, éclipsés au profit d’autres effets, les spéciaux.
Ainsi, à quelques exceptions près, on se retrouve alors que le mal est fait, on suit une poignée de survivants en mode… survie. Du coup, il semble manquer «quelque chose» aux œuvres télévisuelles et cinématographiques jouant de ce thème. Parce qu’aujourd’hui, nous savons. Une chose est sûre: nous ne tiendrons plus jamais ces choses du quotidien pour acquises!
Contagion
De Steven Soderbergh, avec Marion Cotillard, Matt Damon, Jude Law. (Netflix)
Contagion est l’exception. Le film «pandémique» le plus réaliste et le plus «complet»: il ratisse large, démarrant avec l’apparition de la maladie et les impacts d’un tel fléau; et il ne (se) repose pas sur les seuls effets spéciaux. Signé Steven Soderbergh, ce thriller de… science-fiction (ô ironie d’écrire ceci aujourd’hui) est glaçant. Probablement ce qui ressemble le plus à ce que pourrait être une pandémie portée par un virus plus mortel que celui qui provoque la COVID-19. Rien de rassurant, donc. Les cyniques diront que les producteurs ne pouvaient imaginer situation plus parfaite pour remettre dans l’actualité l’œuvre qui célèbre cette année ses 10 ans.
Contagion fait partie des films et séries incontournables à ne pas manquer!
Première vague
De Max Dufaud, Kevin T. Landry, Reda Lahmouid et Remi Fréchette. (Sur le site des Rendez-vous Québec Cinéma jusqu’au 8 mai)
Un regard pris sur le vif des cent premiers jours de la pandémie quand elle a frappé le Québec. Une fiction chorale qui suit un livreur d’origine haïtienne, son père handicapé et sa copine qui travaille dans un CHSLD. Une jeune femme dont le frère est coincé au Mexique et la mère, dont un CHSLD. Une nouvelle venue à Montréal dont le petit ami et la coloc n’ont que faire des mesures sanitaires. Etc. Le tout, entrecoupé d’extraits des points de presse et de la courbe qui monte, monte, monte. Un retour aux origines de cette «journée» qui n’en finit plus de finir. Ça a été écrit et tourné très vite, mais ça saisit vraiment l’essentiel, avec sobriété et justesse, sans «jouer» avec la situation.
Entre anxiété et mal-être, voici comment la pandémie affecte notre santé mentale.
Locked Down
De Doug Liman, avec Anne Hathaway, Chiwetel Ejiofor, Stephen Merchant. (Crave)
Jouer avec la situation: c’est justement l’erreur commise dans ce film qui a été critiqué entre autres pour être «sorti trop tôt». Et c’est vrai. Il faudra le revoir lorsque mesures sanitaires et confinement ne feront plus partie du vocabulaire utilisé sur une base pluri-quotidienne.
Écrit, financé et filmé durant les premiers mois de la pandémie, film noir, film d’arnaque et même comédie romantique acidulée, Locked Down a été tourné à Londres en plein confinement et met en scène un couple en confinement qui profite du confinement pour organiser un vol de haut-vol dans une bijouterie. L’idée, le concept, les interprètes d’exception, tout était là pour que ça fonctionne. Mais le mauvais timing et l’absence de recul ne pardonnent pas… pour l’instant. On s’en reparle quand le monde tournera de nouveau rond?
The Stand
Série basée sur le roman de Stephen King, avec James Marsden, Odessa Young, Owen Teague. (Amazon Prime Video)
Le fléau (The Stand) est parmi les romans les plus percutants de Stephen King : qui, une fois plongé dedans, n’a pas eu un sursaut de panique en entendant quelqu’un éternuer à proximité?! Mais le roman en question, dans sa version «définitive», fait quelque 1500 pages; ce qui permet d’y prendre pied et d’y patauger pendant des semaines. Impossible de recréer telle impression dans une série.
Le temps aidant, le souvenir de la première adaptation (en 1994, avec Gary Sinise) est celui d’une œuvre plus convaincante que la nouvelle mouture. Mais le temps, ce coquin, se joue parfois de nous. Cette nouvelle mouture, donc, nous ramène le duel entre Mère Abigail (le Bien) et Randall Flagg (le Mal), autour desquels évoluent des gentils et des méchants. Avec, en prime, une nouvelle finale écrite par Stephen King lui-même. Certains ont adoré, d’autres pas du tout. Mais en soi, une curiosité.
Jetez un coup d’oeil à notre rubrique cinéma pour encore plus d’inspiration!
93 Days
De Steve Gukas, avec Bimbo Akintola, Somkele Iyamah-Idhalama, Danny Glover. (Netflix)
Une surprise, une vraie, que ce drame «made in… Nollywood» – la version nigériane d’Hollywood. On y suit, sur 93 jours, l’éclosion d’Ebola survenue en 2014 dans ce pays d’Afrique de l’Ouest et le travail acharné des médecins et du personnel de la santé qui ont tout fait pour la contenir. Ils y sont parvenus – au prix de la vie de certains.
Très sobre, très bien joué (en majorité par des acteurs et actrices inconnus pour nous), ce long métrage parle de dévouement, de détermination, d’amour familial, de deuils. Et aussi de l’allumette jetée frivolement qui cause le brasier. Ici, le diplomate américano-libérien Patrick Sawyer qui arrive à Lagos, fiévreux, mais est trop occupé et trop important (!) pour souffrir de l’Ebola. N’est-ce pas?
28 Days Later
De Danny Boyle, avec Cilian Murphy, Naomie Harris, Brendan Gleeson. (Disney +)
Les meilleures intentions ont parfois les pires résultats. L’intervention de ces activistes environnementaux dans un laboratoire de Cambridge, par exemple, où ils libèrent des chimpanzés utilisés dans des expériences… et le virus qui leur a été inoculé. Vingt-huit jours plus tard, l’être humain «normal» a presque disparu, au profit de zombies enragés. Extrêmement efficace et porté par une trame sonore lancinante absolument parfaite, ce long métrage présente pour l’une des premières fois (sinon la première) des zombies «rapides» – qui sont depuis devenus la norme. Ce n’est pas pour rien. Ils sont terrifiants. Pensons à (l’interminable) Walking Dead et à tous ces films et séries de zombies qui prolifèrent au point où, pendant un temps, on aurait pu parler d’épidémie.
Outbreak
De Wolfgang Petersen, avec Dustin Hoffman, Rene Russo, Morgan Freeman. (VSD)
Ça date un peu (1995), mais ça a connu une immense popularité pendant les débuts de «notre» pandémie lorsqu’aux États-Unis, Netflix l’a (re)mis en ligne. Succès aussi lors de la sortie du film, à l’époque parce que, le hasard pouvant jouer d’opportunisme, le long métrage est arrivé au grand écran alors qu’une épidémie d’Ebola frappait le Zaïre.
Or, l’ennemi, ici, est un parent «survolté» (et fictive, on l’espère) de l’ebolavirus. On se penche sur les extrêmes auxquels les autorités militaires et les agences civiles sont prêtes à aller afin de contenir l’éclosion. Ne jamais oublier que l’humain n’a pas besoin d’être transformé en mutant violent pour être un loup pour ses semblables…
Et on n’oublie pas…
- Le doublé Brad Pitt: World War Z de Marc Forster, où Brad incarne un ancien représentant de l’ONU, mais surtout un mari-et-père-de-famille-attentionné qui va prendre tous les moyens pour défendre les siens (et le reste du monde, tant qu’à faire) contre les zombies; et 12 Monkeys de Terry Gilliam, où Brad fait face à Bruce Willis qui voyage dans le temps pour tenter d’éviter que 99% de l’humanité ne disparaisse – p’tite mission.
- La solitude de Will Smith et l’inoubliable Sam (son berger allemand) dans I Am Legend de Francis Lawrence, où un dangereux virus a transformé les humains en… zombies, encore une fois? Disons en zombies-vampires, puisque ces mutants vivent de nuit et ne supportent pas la lumière.
- Le ratage de Patient Zero de Stephan Ruzawitzky, où la rage 3.0 (minimum) décime l’humanité et que l’on regarde pour voir le prince Philip de The Crown (Matt Smith) et Margaery Tyrell de Game of Thrones (Natalie Dormer) tenter de rendre crédible un scénario qui bave de partout.
Amateur de science-fiction, profitez-en pour regarder les 49 heures de films de Marvel dans le bon ordre.