Un héros ne le devient que quand il fait face à l’adversité et les obstacles. D’où l’importance des Méchants. Oui, ils méritent une majuscule parce que sans eux, pas d’histoires! Parmi ces semeurs de troubles, il y a ceux qu’on déteste – pensons à Joffrey Baratheon dans Le trône de fer, au président Snow dans Hunger Games, au professeur Dolorès Ombrage dans les «Harry Potter»; et ceux qu’on aime (ou qu’on aime détester): la flamboyante Cruella, qu’incarne avec panache Emma Stone dans le récent film produit par Disney en est un bon exemple.
La différence entre ces deux types de Vilains? Ceux qui se glissent dans notre cœur ont en général une blessure que l’on peut comprendre et qui «explique» leurs actes – comprendre qu’ils sont humains. Ils peuvent aussi poser des gestes que l’on aimerait être capable de poser (mais jamais nous ne l’avouerons!). Ils sont pour la plupart ingénieux et brillants. Ils sont portés par des acteurs et actrices charismatiques. Et puis, sérieux, ils ont de la classe avec un grand C et de l’attitude avec un grand A – un effet qui culmine avec, pour certains, les meilleures répliques et «catch phrases». Voici quelques-uns d’entre eux.
Loki
Incarné par un autre acteur que Tom Hiddleston, le demi-frère de Thor n’aurait pas atteint les sommets de popularité qu’on lui connaît. Même aux côtés du spectaculaire Chris Hemsworth, le personnage ténébreux, roublard, manipulateur dont les répliques font mouche à tous coups, a gagné tant de cœur qu’il va faire l’objet de sa propre série télévisée sur Disney +. Mais n’est-il pas mort aux mains de Thanos dans Avengers: Infinity War? Oui… mais non, comme c’est souvent le cas dans le monde selon Marvel. Bref, il vit dans une réalité alternative créée par le retour dans le passé vu dans Avengers: Endgame. Semble-t-il qu’il va s’emparer du Tesseract et tenter de modifier le cours de l’Histoire à sa façon à lui. Pour raconter tout ça, 6 épisodes d’une heure dont la diffusion commence le 9 juin. Yé! (Pour le plaisir, voici d’ailleurs comment regarder tout Marvel dans le bon ordre chronologique.)
Terminator
Arnold Schwarzenegger a atteint le statut d’icône grâce au Terminator… et vice-versa. Pourtant, le T-800 de 2029 envoyé en 1984 ayant pour mission de tuer Sarah Connor avant qu’elle ne donne naissance à John Connor – celui qui tiendra tête aux machines alors qu’elles auront détruit la quasi-totalité de l’humanité –, n’avait absolument rien… d’humain. Mais. On pense au personnage et on entend immédiatement «I’ll be back» et «Asta la vista, baby». On pense au personnage et on voit immédiatement la paire de lunettes noires dont il n’a pas besoin mais qui complète son look destroy. Les «catch phrases» et l’attitude: une star est née. Résultat: Arnold a beau avoir vieilli – et, bizarrement, le cyborg qu’il interprète aussi –, son Terminator est l’une des raisons pour laquelle la franchise composée de 6 films sortis entre 1984 et 2019 et la série Terminator: Les chroniques de Sarah Connor avait rapporté 3 milliards$ en 2017.
Vous serez surpris d’apprendre que ces films cultes ont été tournés au Canada!
Darth Vader
L’uniforme, la cape, le masque noirs. La respiration rauque. Et cette phrase, «Luke, je suis ton père», devenue aussi mythique dans l’univers Star Wars que le «Je sais» de Han Solo en réponse au «Je t’aime» de la princesse Leia. Celui qui a été Anakin Skywalker avant de passer du côté sombre de la Force s’est racheté dans Le retour du Jedi, après avoir fait souffrir tout ce qui bouge et n’était pas «de son bord» dans cette galaxie lointaine. Mais même dans son ère tyrannique, il a été impossible pour les fans de complètement le détester tant il était fascinant.
Catwoman
Elle a beau être l’une des ennemies jurées de Batman, comment ne pas succomber à Selina Kyle, devenue un personnage mythique grâce à sa relation ambigüe avec le Chevalier noir, grâce à sa présence ô combien féminine dans un univers où les femmes fortes n’étaient pas légions. Et grâce aux actrices iconiques qui l’ont incarnée: de Julie Newmar dans la «vieille» série télévisée (1966 à 68!), à laquelle la grande Ertha Kitt a succédé pour trois épisodes, en passant par la sublime Michelle Pfeiffer dans Batman Returns et la féline Anne Hathaway dans The Dark Knight Rises.
Gageons que Zoë Kravitz, qui campera le personnage dans The Batman (sortie l’an prochain) tirera aussi son épingle du jeu. En fait, au grand écran, son incarnation la moins réussie a été celle Halle Berry dans Catwoman, mais l’actrice était certainement le moindre problème d’un film qui avait tout faux.
Amateur de science-fiction, avez-vous remarqué ces messages cachés dans le Seigneur des anneaux?
Harley Quinn
Celle-ci, avec Catwoman et Poison Ivy, sont connues sous le nom de Sirènes de Gotham City. Elles en font voir de toutes les couleurs à Batman, en particulier la… colorée Harley Quinn, copine du Joker (un autre méchant que l’on aime quand incarné par le regretté Heath Ledger ou, pour certains, par l’intense Joaquin Phoenix). Le personnage a gagné le cœur des fans de DC Comics grâce à la lumineuse Margot Robbie qui fait flèche de tout bois dans le très raté Suicide Squad (où l’on découvre comment, de psychiatre à l’asile d’Arkham, elle passe dans le rang des Méchants), dans le pétillant Birds of Prey (et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn) et, prochainement, dans The Suicide Squad. Là encore, de l’attitude, du charisme et un costume tenant du délire, qui compensent pour une folie et/ou un déséquilibre certains.
Hannibal Lecter
Franchement, sur papier, rien ne peut justifier qu’Hannibal Lecter, psychiatre interné à vie pour meurtres sadiques et cannibalisme, suscite un quelconque élan du cœur. Rien sinon son interprète au grand écran, le très grand Sir Anthony Hopkins (dans Le silence des agneaux, Hannibal et Dragon rouge); et, au petit, l’extraordinaire et polyvalent Mads Mikkelsen dans les 3 saisons et 39 épisodes de la série Hannibal, qui explore les origines de ce tueur en série… sophistiqué. Car il l’est, même si le mot colle bien mal à ses actions. Une série qui ne se regarde pas en rafale tant elle est glauque, entre autres dans sa macabre beauté.
Le Silence des agneaux fait d’ailleurs partie des oeuvres qui ont reçu l’un des Oscars du meilleur film.
Dr House
Il est accro aux anti-douleurs à la suite d’une blessure à la jambe et il n’a absolument aucune «bedside manner». Les patients qui le rencontrent pour la première fois n’ont qu’une envie: fuir, trouver un autre médecin, n’importe lequel. Même chose avec ses internes et ses collègues. Un monstre, un vrai. Sauf qu’il est, et de loin, le meilleur. Si le désir du patient est de guérir, c’est Gregory House qu’il veut avoir à ses côtés. Aussi difficile que sera la traversée du désert en sa compagnie. Ses rebuffades, ses moqueries, sa dureté. Seuls les meilleurs peuvent se permettre ce genre d’attitude. Et il est LE meilleur. Il l’a prouvé pendant 8 saisons et 177 épisodes… avec l’aide d’une équipe de jeunes médecins à la couenne dure – et d’un interprète formidable, le Britannique Hugh Laurie qui se glisse dans l’accent américain comme dans un gant chirurgical.
Arsène Lupin
C’est un voleur, c’est même «le plus grand des voleurs» si l’on se fie à la chanson que Jacques Dutronc interprétait en ouverture de la série Arsène Lupin dans laquelle le personnage imaginé en 1905 par Maurice Leblanc prenait les traits de Georges Descrières. Canne, chapeau haut-de-forme, le gentleman-cambrioleur fait des ravages dans les livres avant d’arriver au petit écran en 1971. Où il a disparu pendant des décennies avant de réapparaître au début de l’année en version remaniée au goût du jour et sous les traits du talentueux et charismatique Omar Sy qui interprète Assane Diop dans Lupin. Les 5 premiers épisodes ont fait un malheur sur Netflix et se terminaient sur un cliffhanger diabolique. La bonne nouvelle: les 5 derniers épisodes de cette première saison arrivent le 11 juin sur la plateforme. On sera nombreux au rendez-vous!
Près de chez nous…
Le scénariste et acteur François Létourneau a le don de créer des méchants qu’on aime. À preuve:
- Jouée par Catherine Trudeau, Lyne «la pas fine», qu’on a rencontrée dans Les invincibles: sérieux, qui n’a pas pleuré quand le rideau est tombé sur ce personnage pourtant détestable?
- Interprété par Marc Beaupré, Marc Arcand s’est, dès sa première apparition, imposé comme la révélation de cette Série noire qui suivait les mésaventures de Denis et Patrick, deux scénaristes en manque (entre autres choses) d’inspiration.
- Ils sont quatre, deux couples de Sainte-Foy, à sombrer dans la criminalité par un été «plate» de 1974. C’est Huguette (formidable Marilyn Castonguay) qui, avec son «œil du tigre», vole la vedette dans C’est comme ça que je t’aime.
Dans un autre registre et une autre époque, Les pays d’en haut revient sur le destin de «notre» Séraphin Poudrier et, sous les traits de Vincent Leclerc, l’avare le plus célèbre du Québec, est parvenu à émouvoir en «viande à chien» (du patois de Jean-Pierre Masson, l’interprète original du personnage).
Aucun doute, notre rubrique cinéma va vous inspirer!