Voulez-vous «cliché» avec moi?
«Les clichés ont tous un élément de vérité, sinon ça ne serait pas des clichés», souligne Agnès Poirier, journaliste et essayiste française, qui vit et travaille entre Londres et Paris. «Comparé aux villes américaines, oui, Paris a l’air romantique.»
Le journaliste d’origine américaine installé à Paris depuis plus de 15 ans, John Von Staten, confie qu’aux yeux des Américains, les Français savent vivre et refusent de se faire dicter la morale par qui que ce soit.
Voyons les stéréotypes qu’ont les Américains sur la France et les Français de plus près.
Stéréotype 1: en France, tout le monde fume partout
«C’est un peu un vieux cliché qui avait plus de résonance dans les années 1990 et au début des années 2000», dit Sabina Socol, qui vit à Paris depuis plus d’une décennie.
De toute manière, ajoute-t-elle, les gens vapotent aujourd’hui. En plus, fumer dans les bureaux est interdit en France depuis 2007!
La fréquentation assidue des terrasses… remplies de fumeurs… est associée à l’imaginaire de la France aux yeux des Américains.
En tout cas, voici ce qu’il se passe quand vous arrêtez de fumer.
Stéréotype 2: en couple, les Français acceptent l’infidélité
Il y a cette vision que les Français sont infidèles et qu’ils trompent leurs compagnes à tout-va. À croire que les dragueurs sont sortis à toute heure et que l’adultère est le sport national!
L’influenceuse française Lysa Thieffry pense que ce stéréotype a une part de vérité, mais pas pour toutes les générations. «Dans les relations, nous n’acceptons pas l’infidélité, surtout les plus jeunes. En vieillissant, je pense que nous sommes davantage conscients que l’amour est plus compliqué que le sexe», comme ailleurs.
Voici ce qu’il faut savoir sur les conséquences de l’adultère pour survivre à l’infidélité.
Stéréotype 3: les Français parlent constamment de sexualité
«Nous n’avons pas de filtre, nous pouvons parler de sexe à tout moment», lance Lysa Thieffry. «Je me souviens que quand je vivais à New York, je parlais de sexe et les gens me disaient d’arrêter, en me regardant avec de gros yeux. Je ne comprenais pas, c’est juste du sexe…»
Il y a aussi l’image du Français naturiste qui tend à s’ancrer. La pratique fait de plus en plus d’adeptes en France, avec plus de 450 structures d’accueil, campings et plages dédiés à l’exercice du naturisme. En 2018, le pays accueillait plus de 2 millions de naturistes étrangers annuellement, explique la journaliste Gabrielle De Jasay.
Stéréotype 4: les Français sont fainéants
«Les Français ne sont peut-être pas des fainéants, mais le moins qu’on puisse dire est qu’ils sont devenus anti-travail», lance le journaliste français Éric Le Boucher, directeur de la rédaction d’un magazine économique.
Il explique que «les salariés français font moins d’heures annuelles que les concurrents d’autres origines. Selon un document interne d’une grande entreprise française, la France est tout au fond de la classe avec 1500 à 1600 heures annuelles, contre 1900 heures aux États-Unis, puis 2300 heures au Mexique».
Éric Le Boucher souligne également que les Français travaillent en moyenne 35 ans dans leur vie, contre 38,8 ans au Royaume-Uni.
Or, certains bureaux du monde de la mode, des médias et des communications n’ouvrent qu’à 11 heures. Chez Vogue Paris par exemple, il est vrai que la journée ne commence pas avant 10h. Dans une agence de publicité – comme Emily dans la série – ce sont cependant les heures usuelles d’ouverture qui priment, comme dans la majorité des secteurs d’activités.
Dans la série, la protagoniste se fait rapidement conseiller par un collègue qu’«ici on ne vit pas pour travailler, mais on travaille pour vivre»…
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Stéréotype 5: les Français sont méchants et les Parisiens sont snobs
Thieffry et Socol conviennent que ce stéréotype est exact. «Disons que si les Français n’aiment pas quelqu’un, ils ne se donnent même pas la peine», estime Lysa Thieffry. «Ce cliché-là est le plus vrai de tous», lance Sabina Socol.
Il faut quand même préciser que tout le monde n’est pas aussi bête que dans la série «Emily in Paris»! Les concierges irascibles, les gardiennes méfiantes et les collègues hautains, arrogants et désagréables sont plus dignes d’une série que de la réalité.
Stéréotype 6: les Parisiens sont superficiels
La journaliste Lindsey Tramuta, naturalisée Française en 2014, note qu’il faut remonter le temps jusqu’aux penseurs du 18e siècle. «Jean-Jacques Rousseau est parmi ceux qui ont commencé à nourrir l’image de la Parisienne superficielle, séductrice, concernée par la mode et les aspects matérialistes.»
Néanmoins, nombreuses sont les personnes qui croient que les Français sont toujours habillés sur leur 31. Dans la série Emily porte des bérets et des sacs à main Coco Chanel… disons simplement que ces éléments ont plus leurs places dans un défilé de mode que sur Saint-Denis à Paris!
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Stéréotype 7: les Français n’ont pas une bonne hygiène
Dans la série «Emily in Paris», les Français détestent les douches. Qu’en est-il?
Le sondage de février 2020 de l’Institut français d’opinion publique sur les comportements d’hygiène corporelle et domestique des Français indique que 29% des hommes qui habitent en France ne se douchent pas quotidiennement.
Or, d’après des statistiques de l’institut de sondages Euromonitor, les Français se douchent en moyenne sept fois par semaine, soit presque autant que les Américains, les Espagnols et les Indiens.
Il est aussi cliché de penser que les Françaises ne se rasent pas les aisselles. Or, les mouvements Januhairy (Royaume-Uni) et Maipoils (Québec) prennent de l’ampleur mondialement et font écho à la tendance des aisselles colorées qui a émergé sur les réseaux sociaux il y a quelques années.
Stéréotype 8: Paris, une capitale de carte postale
La propreté des rues de Paris dans la série «Emily in Paris» en a fait tiquer plus d’un. Emily ne croise jamais de manifestations de gilets jaunes, de personnes sans abri ou de travaux dans la rue. Les rues sont désertes de tout déchet et elle ne prend jamais le métro.
Un Paris de carte postale pour son activité préférée: se prendre en selfie. Soit dit en passant, il est plutôt difficile de se photographier de la sorte sans se faire voler son cellulaire en région parisienne!
Vous ne serez pas étonné d’apprendre que les Champs-Élysées font partie des rues les plus populaires du monde.
Stéréotype 9: le luxe des appartements
Dans la série «Emily in Paris», la protagoniste habite dans une ancienne chambre de bonne qui s’avère être un grand deux et demi, avec vue splendide sur les toits de la ville et de la tour Eiffel…
«Beaucoup d’Américains pensent que ce n’est pas grave, que l’on peut apprécier une fiction légère en sachant que ce n’est pas réaliste, que c’est embelli», dit Lindsey Tramuta, une journaliste culinaire et touristique basée à Paris pour le New York Times.
«Cette vision fétichisée est problématique parce qu’elle implique un gros problème de représentation et créé de fausses attentes. C’est grave parce que cela perpétue le fantasme de la ville-musée sans problèmes, sans saleté, sans criminalité, sans une vie quotidienne réaliste. Tout contribue à réaffirmer des stéréotypes déjà bien intégrés et ça n’aide pas Paris. Paris mérite mieux», estime la journaliste.
Stéréotype 10: la France est la championne de la grève et de la manifestation dans la rue
La France a bien une «culture de grèves», même si celle-ci ne se reflète pas nécessairement dans les statistiques, explique Stéphane Sirot, spécialiste de l’histoire et de la sociologie des grèves, du syndicalisme et des relations sociales.
Cette culture tient à la façon dont se sont construits historiquement les rapports sociaux. La grève a été dépénalisée en 1864, soit 20 ans avant que les syndicats ne soient autorisés en France.
Le syndicalisme français est aussi très différent de celui d’autres pays européens. Le principal syndicat français a longtemps été marxiste et militant, au profit de la lutte des classes, explique Guy Groux. Ces différents éléments historiques ont apporté à la France une culture syndicale protestataire, loin de la tradition contractuelle de négociations collectives qui existe en Amérique du Nord par exemple.
Replongez dans le passé en visionnant ces photos d’époque illustrant la solidarité.
Stéréotype 11: les Français se nourrissent de baguettes et de vin
Les croissants et les pains au chocolat. Les baguettes et les fromages. Le caviar et les macarons. Les Français semblent avoir inventé la gastronomie! Amateurs de vin à toute heure et de viande saignante, tout le monde boit trop et «le sancerre c’est le vin du petit déjeuner».
«L’histoire du pain en France, c’est l’histoire d’un objet de survie. Mais, l’image bascule au début du 20e siècle et le pain perd son statut» pour devenir un «produit d’accompagnement», explique Steven Kaplan, grand spécialiste américain de l’histoire du pain. Le travail de banalisation du pain, c’est-à-dire l’ajout d’additifs et de produits chimiques, a fait chuter sa consommation mettant en cause «une désaffection sensorielle» du pain.
Il est vrai que le pain est moins cher, c’est d’ailleurs l’une des choses que vous pouvez acheter pour 1$ dans le monde.
Stéréotype 12: les Parisiens trouvent la cuisine américaine dégoûtante
«Nous avons un point de vue critique sur la manière générale de s’alimenter en Amérique, c’est vrai», confie Sabina Socol. «Je pense que c’est parce que nous entendons beaucoup de mauvaises choses sur l’obésité, et nous sommes probablement aussi victimes de certains clichés!»
Et à l’inverse?
Les Français ont également leur part de clichés et de stéréotypes sur les Américains. Toujours dans la série «Emily in Paris», Emily parle plus fort et salive lorsqu’elle aperçoit un hamburger…
Quelques-uns des stéréotypes les plus connus seraient que tous les Américains croient en Dieu, qu’ils sont tous armés et qu’ils n’ont pas d’assurance maladie. Une chose est certaine, c’est que les Américains sont réellement très patriotiques!
N’hésitez pas à regarder l’une de ces séries télévisées pour apprendre une langue.