Dune – Partie 1 de Denis Villeneuve
Basé sur le roman de Frank Herbert, scénarisé par Jon Spaihts, Denis Villeneuve et Eric Roth. Avec Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Oscar Isaac, Josh Brolin, Zendaya. En salle.
Probablement le film le plus attendu de l’année, que cette adaptation dite impossible du roman culte de Frank Herbert. Dune, c’est la science-fiction dans ce qu’elle fait de mieux: raconter demain pour nous parler d’aujourd’hui.
Et c’est ce que fait Denis Villeneuve dans un film qui, on s’en doute, est d’une beauté à couper le souffle. Chaque image, chaque cadrage, chaque effet spécial, ne pourrait être plus magnifique. En décidant de ne mettre à l’écran que la première moitié du premier tome, le réalisateur peut prendre le temps de créer un univers splendide… que l’on sait ou devine plus complexe que ce qui passe à l’écran. Le roman existe et existera toujours pour ceux qui voudront en savoir plus. Quant à ceux qui pointeraient la froideur du film, qu’ils se tournent eux aussi vers les écrits de Frank Herbert: Dune, le livre, est beaucoup plus cérébral que viscéral. Le long métrage est, en cela, très fidèle à l’œuvre originale. Et il y a de la place pour cela, c’est-à-dire pour une science-fiction qui n’est ni Star Wars ni Star Trek. À partir de là, on se croise les doigts pour que la seconde partie de Dune soit rapidement mise en chantier. Oh, et on va voir le film sur le plus grand écran possible.
Maria Chapdelaine de Sébastien Pilote
Basé sur le roman de Louis Hémon, scénarisé par Sébastien Pilote. Avec Sara Montpetit, Sébastien Ricard, Hélène Florent. En salle.
On la connaît, Maria Chapdelaine! Mais… la connait-on vraiment? On découvre, dans le somptueux long métrage de Sébastien Pilote que… «pas si tant». Dans un film magnifique, très lent mais, paradoxalement, pas long pour qui accepte de vivre pendant deux heures trente au rythme du début des années 1900, le réalisateur offre à nos yeux une Maria qui, comme dans le roman, vient à peine de franchir le seuil de l’adolescence. Elle est donc incarnée par une toute jeune Sara Montpetit. On est loin de Carole Laure qui, alors dans la trentaine, donnait automatiquement une autre posture au personnage dans le film de Gilles Carle. Et puis, ici, le choix que va faire l’adolescente n’est pas entre «trois gars» (qui, en fait, sont plutôt deux) mais entre un mode de vie et un autre.
En passant, chapeau bas à Sébastien Ricard: son Samuel Chapdelaine est remarquable.
(Lisez une autre chronique de Sonia Sarfati sur les films inspirés de manèges!)
La déesse des mouches à feu d’Anaïs Barbeau-Lavalette
Basé sur le roman de Geneviève Pettersen, scénarisé par Catherine Léger. Avec Kelly Depeault, Caroline Néron, Normand D’Amour, Antoine Desrochers. Sur Crave et en VSD.
Geneviève Pettersen s’est beaucoup inspirée de son adolescence dans les années 90 à Chicoutimi pour écrire La déesse des mouches à feu. Un roman coup de poing qu’Anaïs Barbeau-Lavalette a transformé en un long métrage… coup de poing. Bref, il faut s’attendre à être secoué, ou peut-être même agacé, par ces œuvres (le bouquin comme le film) frontales et sans concession. On y suit Catherine (formidable Kelly Depeault) qui est prise dans la tourmente du divorce de ses parents, une tempête dont elle s’extirpe en provoquant sa propre tornade. Poudre blanche et alcool fort deviennent son quotidien. L’inhibition la conduit entre des draps, certains beaux, d’autres sales. À prendre au propre comme au figuré.
(N’hésitez pas à consulter notre rubrique cinéma!)
Mon année Salinger de Philippe Falardeau
Basé sur le livre de Joanna Rakoff, scénarisé par Philippe Falardeau. Avec Margaret Qualley, Sigourney Weaver, Douglas Booth. Sur Crave, en VSD et en DVD.
Un film absolument charmant qui ravira en particulier ceux et celles qui aiment les livres et sont fascinés par le milieu de la littérature. Hé, l’ombre de J.D. Salinger lui-même plane sur cette adaptation du livre dans lequel Joanna Rakoff raconte son passage dans la maison d’édition publiant l’auteur de L’attrape-cœurs! C’était à New York en 1996. Fraîchement diplômée en littérature, elle se retrouve – sans trop y croire – assistante de l’agente du romancier. Mais le rêve vire bientôt en cauchemar car sa patronne, jouée par la formidable Sigourney Weaver est… disons, une déclinaison littéraire de la boss d’Anne Hathaway dans The Devil Wears Prada – elle, incarnée par Meryl Streep. On ne se lasse pas de voir ces grandes dames jouer les méchantes, et on admire celles qui leur tiennent tête – dans ce cas, Margaret Qualley qui est craquante.
Il pleuvait des oiseaux de Louise Archambault
Basé sur le roman de Jocelyne Saucier, scénarisé par Louise Archambault. Avec Andrée Lachapelle, Gilbert Sicotte, Rémy Girard, Louise Portal, Ève Landry. Sur ICI Tou.tv et en DVD.
À l’origine, Il pleuvait des oiseaux est un roman prodigieux, d’une immense humanité, signé Jocelyne Saucier. Un grand texte couronné de plusieurs prix, dont le prix littéraire des Collégiens – chose remarquable pour un récit mettant en scène de très, très vieilles personnes. Sous la houlette de Louise Archambault (Gabrielle) et avec une distribution comptant parmi les meilleurs acteurs du Québec (dont la merveilleuse Andrée Lachapelle dans son dernier rôle), le livre est devenu un film lumineux et dur à la fois, dans lequel on suit trois ermites dont la tranquillité est menacée. Pas seulement par les feux de forêt qui ravagent les bois où ils vivent.
C’est le cœur qui meurt en dernier d’Alexis Durand-Brault
Basé sur le roman de Robert Lalonde, scénarisé par Gabriel Sabourin. Avec Gabriel Sabourin, Denise Filiatrault, Sophie Lorain. Sur ICI Tou.tv et en DVD.
Il y a tant à aimer dans ce film (comme dans le roman qui l’a inspiré et qui a valu le Prix du Gouverneur général à Robert Lalonde). On y suit Julien, auteur enfin reconnu grâce à son roman autobiographique intitulé… C’est le cœur qui meurt en dernier. Il décide alors de renouer avec sa mère de 82 ans, qui souffre de la maladie d’Alzheimer. Elle ignore tout ce qu’il révèle, entre autres sur elle, dans le livre. Et elle n’a qu’une demande à lui faire: qu’il l’aide à mettre fin à ses jours. Conjoint de Sophie Lorain, Alexis Durand-Brault a convaincu sa conjointe et la mère de cette dernière, la grande Denise Filiatrault, d’incarner, à deux âges, cette femme dont le passé est plein de démons et le présent, de flous.
Les rois mongols de Luc Picard
Basé sur le roman de Nicole Bélanger, scénarisé par Nicole Bélanger. Avec Milya Corbeil-Gauvreau. Henri Picard, Anthony Bouchard, Alexis Guay. En VSD et DVD.
Le roman de Nicole Bélanger s’intitulait Salut mon roi mongol! Il a perdu son «salut» en devenant un film… qui mérite toutefois d’être salué bien bas. Récit initiatique sur fond de Crise d’octobre, le long métrage suit Manon, 12 ans, qui découvre que son petit frère et elle vont être placés en famille d’accueil. Et ça, c’est non. Inspirée par les actes perpétrés par les membres du FLQ, elle va, en compagnie de ses cousins, organiser le kidnapping d’une vieille dame. L’idée? L’échanger contre le droit de choisir son avenir. Un film tendre, drôle, profond que signe ici Luc Picard. Lequel aurait hésité avant d’engager son fils, Henri, dans l’un des rôles principaux. Quel dommage ça aurait été de ne pas l’avoir dans la distribution!
Nous avons retracé les Oscars du meilleur film, depuis la toute première cérémonie!
Paul à Québec de François Bouvier
Basé sur le roman graphique de Michel Rabagliati, scénarisé par François Bouvier et Michel Rabagliati. Avec François Létourneau, Gilbert Sicotte, Julie Le Breton, Brigitte Lafleur. En VSD et DVD.
Quiconque aime le Paul de Michel Rabagliati aimera ce que François Bouvier en a fait. Cette adaptation, c’est comme si le livre s’ouvrait, se déployait et prenait vie en trois dimensions, en chair et en os. Oh, et en couleurs! Nous sommes en 1999, à Montréal. Hein? Oui, Québec vient après. Lorsque Paul et sa conjointe vont visiter Roland, le patriarche de la famille de cette dernière. Roland qui est malade. Et qui le cache, bien sûr. Paul n’est pas aveugle. Enfin, il finira par voir. Et il sera là, aux côtés de Julie qui va perdre son père. Bientôt.
Oui, le film fait monter les larmes aux yeux. Plus d’une fois. Malgré cela, il est impossible de ne pas sourire ici et là. L’humour que connaissent les fans de la bédé est là. Et puis, il y a la trame sonore. La distribution impeccable. La beauté des images. La fluidité du montage. Une belle réussite.
Wild de Jean-Marc Vallée
Basé sur le récit biographique de Cheryl Strayed, scénarisé par Nick Hornby. Avec Reese Witherspoon, Laura Dern, Thomas Sadoski. Sur Crave, en VSD et sur DVD.
La vie de Cheryl Strayed a déraillé quand sa mère est morte. La jeune femme a sombré dans la débauche et les excès. Et un jour, elle se rend compte qu’elle est au fond du puits. Si elle ne se reprend pas en main, elle va y pourrir. Y mourir. Pour s’en sortir, pour mettre de l’ordre dans sa tête, pour faire le bilan de tous les bilans, elle décide de marcher la Pacific Crest Trail. C’est 1770 km de randonnée qui l’attendent. Et pas en territoire facile. Mais pour le spectateur, l’épreuve n’en est pas une: visuellement, le film de Jean-Marc Vallée est une merveille. Il en va ainsi de tous ses autres aspects. Au point où pour un peu, on irait marcher aux côtés Cheryl (Reese Whiterspoon). Après tout, qui n’a pas de démons à chasser?
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Le journal d’Aurélie Laflamme de Christian Laurence
Basé sur le roman d’India Desjardins, scénarisé par India Desjardins et Christian Laurence. Avec Marianne Verville, Edith Cochrane, Geneviève Chartrand, Aliocha Schneider. En VSD et sur DVD.
Le personnage d’Aurélie Laflamme est plus qu’un personnage: pour des milliers de jeunes (et de moins jeunes), elle est une amie. Pour certains, elle est même un miroir dans lequel ils se reflètent. Comme si sa vie, c’était un peu leur vie. La famille, les amis, l’école, l’amour: ils connaissent. L’autrice India Desjardins ayant elle-même scénarisé le premier roman de la série, l’esprit du livre se retrouve à l’écran. Et sous les traits de Marianne Verville, Aurélie est restée Aurélie. On rit et on s’émeut, on se reconnaît ou on se rappelle. Et on remet ça avec Aurélie Laflamme – Les pieds sur terre réalisé par Nicolas Monette.
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