Les Ailes (Wings) – 1927-1928
Deux pilotes de la Première Guerre mondiale se disputent l’affection d’une infirmière dans Les Ailes, le tout premier film à remporter un prix de l’Académie pour le meilleur film. L’œuvre est étonnement bien si on la regarde aujourd’hui… C’est si vous la regardez pour les bataillons spectaculaires et non pour le triangle amoureux tordu. Mais tout comme Les Ailes a contribué à maintenir la carrière éclatante de la «it-girl» Clara Bow, il a également contribué à amorcer la carrière de Gary Cooper.
Le film qui aurait dû gagner: L’Heure suprême (7th Heaven)
Amours de danseuses (The Broadway Melody) – 1928-1929
Le film Amours de danseuses est important pour trois raisons: c’est le premier film sonore à remporter le prix du meilleur film, c’est la première comédie musicale entièrement parlante d’Hollywood, et il inclut une séquence en Technicolor, ce qui suscita à l’époque un intérêt pour la couleur dans toute l’industrie. Mise à part l’importance historique de l’œuvre, le récit de deux sœurs qui tentent de percer à Broadway est à la fois ennuyeux et dépassé.
Le film qui aurait dû gagner: Amours de danseuses (The Broadway Melody)
À l’Ouest rien de nouveau (All Quiet on the Western Front) – 1929-1930
À l’Ouest rien de nouveau, de Lewis Milestone, est reconnu comme l’un des plus grands films anti-guerre jamais réalisés. Il a particulièrement bien vieilli. Inspiré du roman classique du même nom, le film raconte l’histoire de Paul Bäumer, étudiant allemand se retrouvant sur le front durant la Grande Guerre. Les scènes de batailles, cliniques et impitoyables, envoient un message sans fard.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: À l’Ouest rien de nouveau (All Quiet on the Western Front)
La Ruée vers l’Ouest (Cimarron) – 1930 – 1931
Cimarron, datant d’avant le Code Hays, a été le premier western à remporter l’Oscar du meilleur film. L’histoire se déroule pendant la ruée vers les terres de l’Oklahoma en 1889. Le film La Ruée vers l’Ouest reste impressionnant vu son budget et son envergure. Malheureusement pour les spectateurs modernes, il n’y a pas grand-chose de l’ordre de l’intrigue dramatique.
Le film qui aurait dû gagner: Spéciale Première (The Front Page)
Grand Hôtel (Grand Hotel) – 1931-1932
Les vies d’un voleur de bijoux (John Barrymore), d’une ballerine russe (Greta Garbo) et d’une sténographe (Joan Crawford) se rencontrent dans cette comique, mais peu convaincante production de Irving Thalberg. En plus, ce n’est que le tiers des personnages du film! La raison du prix attribué à Grand Hôtel? Cette phrase iconique du personnage de Greta Garbo: «Je veux être seule».
Le film qui aurait dû gagner: Shanghaï Express (Shanghai Express)
Cavalcade – 1932-1933
Tout comme La Ruée vers l’Ouest avant lui, Cavalcade ressemble davantage à la réponse à une question anecdotique sur les Oscars plutôt qu’à un film. Adaptée de la pièce du même titre de Noël Coward, l’œuvre met en scène Diana Wynyard et Clive Brook dans le rôle d’un couple de la haute société qui, avec leurs enfants et leurs domestiques, vivent plusieurs événements bouleversants au début des années 1900. Quoique le tout soit joliment mis en scène, Cavalcade reste un film en surface.
Le film qui aurait dû gagner: 42e Rue (42nd Street)
New York-Miami (It Happened One Night) – 1934
Avec la grande dépression en toile de fond, le film de Frank Capra, New York-Miami, raconte l’histoire d’une héritière gâtée (Claudette Colbert) qui fuit son mariage et tombe amoureuse d’un reporter fauché (Clark Gable), au cours d’une traversée du pays.
Dans la droite ligne des comédies romantiques, leur relation démarre sur un chantage innocent. Plein d’une irrésistible alchimie, de dialogues humoristiques et de quelques moments de tension, New York-Miami fait partie des films qui rappellent aux auditeurs pourquoi, au départ, ils ont aimé le cinéma.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: New York-Miami (It Happened One Night)
Les Révoltés du Bounty (Mutiny on the Boutny) – 1935
Clark Gable incarne Fletcher Christian, premier lieutenant du HMS Bounty, qui mène une mutinerie contre le capitaine psychotique William Bligh (Charles Laughton) après avoir causé la mort du médecin du navire. Le film Les Révoltés du Bounty de Frank Lloyd a été un succès au box-office, a contribué à consolider l’étoile de Gable à Hollywood et est peut-être la meilleure adaptation de cette histoire souvent racontée.
Le film qui aurait dû gagner: Le Danseur du dessus (Top Hat)
Le Grand Ziegfeld (The Great Ziegfeld) – 1936
C’est un biopic moyennement divertissant sur le célèbre imprésario de Broadway Florenz Ziegfeld (William Powell), dont les revues théâtrales – les Ziegfeld Follies – ont duré de 1907 à 1931.
Myrna Loy est mémorable dans le rôle de l’épouse – Billie Burke, tout comme Luise Rainer en Anna Held, un rôle qui lui aura valu un Oscar. Malheureusement, brillants et paillettes ne sont pas synonymes de meilleur film.
Le film qui aurait dû gagner: L’Extravagant M. Deeds (Mr. Deeds Go to Town)
La vie d’Émile Zola (The Life of Emile Zola) – 1937
Bonne nouvelle: l’intrigue du film – l’emprisonnement réel d’Alfred Dreyfus, un officier d’artillerie français d’origine juive, accusé de trahison – est l’une des premières tentatives hollywoodiennes de traiter l’antisémitisme.
Le film qui aurait dû gagner: Cette sacrée vérité (The Awful Truth)
Vous ne l’emporterez pas avec vous (You Can’t Take It with You) – 1938
Frank Capra était sur une belle lancée lorsqu’il a réalisé Vous ne l’emporterez pas avec vous, une adaptation d’une pièce de théâtre à succès de Broadway et le premier film dont le titre est précédé du nom du réalisateur. Malheureusement, cette compilation de sujets légers et sombres ressemble à un échauffement pour le véritable chef-d’œuvre de Capra, La vie est belle.
Le film qui aurait dû gagner: La Grande Illusion (Grand Illusion)
Autant en emporte le vent (Gone with the Wind) – 1939
Les détracteurs modernes d’Autant en emporte le vent soulignent souvent sa représentation tristement romancée du Vieux Sud. Mais en réalité, il y a encore beaucoup à admirer et apprécier dans l’épopée de quatre heures de Victor Fleming: le passage majestueux du temps, les somptueux costumes, les décors, la prestation émouvante de Max Steiner, le Technicolor et la vision inhabituellement cynique de l’amour. Ah, Clark Gable, Vivien Leigh et Olivia de Havilland sont tous au sommet de leur art.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Le Magicien d’OZ (The Wizard of Oz)
Rebecca – 1940
Basé sur un roman de Daphné du Maurier écrit en 1938, Rebecca est le premier film tourné par Alfred Hitchcock à Hollywood. Dans cette fable gothique, une jeune femme (Joan Fontaine) épouse un riche veuf, Maxim de Winter (Laurence Olivier), et s’installe dans son immense manoir. Elle constate rapidement que le spectre de la défunte femme de Maxim, Rebecca, hante toujours les pensées de celui-ci et celles de sa gouvernante très dérangée, Mme Danvers.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Le Dictateur (The Great Dictator)
Qu’elle était verte ma vallée (How Green Was My Valley) – 1941
Le réalisateur, John Ford, capte le passage du temps dans un des drames les plus humains et étonnants qui soient. Couvrant cinq décennies d’histoire, Qu’elle était verte ma vallée raconte l’épopée des Morgan, une famille de mineurs du pays de Galles, qui lutte pour sa survie tandis que se modifient ou disparaissent les valeurs ancrées du passé.
Bien qu’il ait tristement battu Citizen Kane comme meilleur film, Qu’elle était verte ma vallée demeure, malgré tout, un film remarquable à part entière.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Citizen Kane
Madame Miniver (Mrs. Miniver) – 1942
Lauréat de six Oscars, Madame Miniver de William Wyler est largement crédité pour la hausse du soutien des États-Unis à la Seconde Guerre mondiale. Winston Churchill aurait déclaré que le film était plus important pour l’effort de guerre qu’une flotte entière de cuirassés. Mettant en scène Greta Garson et Walter Pidgeon, Madame Miniver dépeint les expériences d’une famille anglaise de classe moyenne pendant la guerre. Même si les foules aimaient le film en 1942, il ne s’agit réellement que de propagande déguisée en une œuvre artistique.
Le film qui aurait dû gagner: La Splendeur des Ambersons (The Magnificent Ambersons)
Casablanca – 1943
Sam joue pour la première fois «As Time Goes By…» Un bar rempli d’expatriés et de réfugiés chantant «La Marseillaise…» Humphrey Bogart incarnant Rick et Ingrid Bergman, Ilsa, dansant sur «Perfidia…» Le capitaine Renault donnant l’ordre aux gendarmes d’arrêter les suspects habituels… Tout le monde détient son moment consacré dans Casablanca. Mais ce qui est sûr, c’est qu’ils sont tous extraordinaires.
Le scénario d’une éblouissante complexité, les prestations incroyables des acteurs de premier plan d’Hollywood et la réalisation fluide de Michael Curtiz font de Casablanca une histoire d’amour phare, tout aussi magique et captivante la 100e fois que la première.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Casablanca
La Route semée d’étoiles (Going my way) – 1944
Bing Crosby incarne le père Chuck O’Malley, un prêtre insouciant qui prend en charge une paroisse délabrée et organise une chorale pour une bande locale de jeunes en difficulté afin de plaire au père Fitzgibbon. Le film du réalisateur Leo McCarey est charmant, mais sa grande sentimentalité peut être excessive pour certains.
Le film qui aurait dû gagner: Assurance sur la mort (Double Indemnity)
Le poison (The Lost Weekend) – 1945
Dans un des premiers portraits de l’alcoolisme offerts par Hollywood, Ray Milland joue l’écrivain éthylique qui s’enferme tout un week-end dans son appartement pour contrer sa dépendance.
Écrit et réalisé par Billy Wilder, ce film comporte de nombreux moments d’une intensité inoubliable, dont la scène dans laquelle Milland fouille frénétiquement son appartement en quête d’une bouteille.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Le roman de Mildred Pierce (Mildred Pierce)
Les plus belles années de notre vie (The Best Years of Our Lives) – 1946
Qu’arrive-t-il, lorsque les héros des champs de bataille, des airs et des mers sentent à leur retour qu’ils ont fait leur temps?
Les plus belles années de notre vie, de William Wyler, démarre à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, et raconte l’histoire émouvante de ces trois vétérans qui, de retour au foyer, ne peuvent que constater que leur vie n’aura jamais le même sens. La distribution comprenant Myrna Loy, Teresa Wright, Frederic March et Dana Andrew, est remarquable.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: La vie est belle (It’s a Wonderful Life)
Le Mur invisible (Gentleman’s Agreement) – 1947
Gregory Peck interprète un journaliste se faisant passer pour un Juif afin d’écrire une série d’articles sur l’antisémitisme. Il fera finalement éprouver du racisme pur sous des manifestations à la fois évidentes et subtiles. Un exemple précoce de films «à thème» que l’Académie privilégie souvent. Le Mur invisible échappe aux pièges potentiels en faisant quelques aperçus sur l’intolérance.
Le film qui aurait dû gagner: Les Grandes Espérances (Great Expectations)
Hamlet – 1948
Suivant le texte original, l’adaptation de Laurence Olivier de la pièce Hamlet de Shakespeare est essentiellement une pièce de théâtre filmée. Oliver, afin de pallier le manque de créativité visuelle, offre une performance qui demeure une des plus iconiques de l’histoire du cinéma.
Le film qui aurait dû gagner: Le Trésor de la Sierra Madre (The Treasure of the Sierra Madre)
Les Fous du roi (All the King’s Men) – 1949
Basé sur le roman gagnant d’un prix Pulitzer de Robert Penn Warren, Les Fous du roi conte l’ascension et la chute de Willie Stark (Broderick Crawford), un politicien inspiré de Huey Long, le gouverneur de la Louisiane. Stark gagne la confiance de ces électeurs en diminuant le seuil de la pauvreté et en améliorant le système scolaire. Un journaliste local découvre alors que le politicien n’est qu’un homme aussi corrompu et avide de pouvoir que ses prédécesseurs. Les Fous du roi est une œuvre nécessaire à cette époque de telle démagogie.
Le film qui aurait dû gagner: Les Fous du roi (All The King’s Men)
Ève (All About Eve) – 1950
Mis en nomination pour rien de moins que 14 Oscars (et en ayant remporté 6), Ève permet au spectateur de survoler les drames qui secouent l’arrière-scène de Broadway.
Lorsque l’étoile vieillissante Margo Channing (Bette Davis) prend sous son aile l’aspirante actrice Eve Harrington (Anne Baxter), elle comprend vite que la jeune femme faussement naïve a déjà conçu son propre plan retors. Comme son ex aequo, Boulevard du crépuscule, le film Ève examine le narcissisme et la tromperie qui accompagnent le chemin du succès, et présente une foison de répliques cultes.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Boulevard du crépuscule (Sunset Boulevard)
Un Américain à Paris (An American in Paris) – 1951
L’absence de discipline narrative dans cette comédie musicale de Vincente Minnelli est éclipsée par une séquence de ballet somptueux de 17 minutes, avec Leslie Caron et Gene Kelly. Toutefois, Un Américain à Paris n’est ni la meilleure musique de Kelly ni celle de Minnelli. D’ailleurs, un mélodrame mettant en scène un certain Brando méritait davantage le prix du meilleur film…
Le film qui aurait dû gagner: Un tramway nommé Désir (A Streetcar Named Desire)
Sous le plus grand chapiteau du monde (The Greatest Show on Earth) – 1952
Le jury de l’Académie aurait-il donné le prestigieux prix par pitié pour le réalisateur Cecil. B. DeMille, puisqu’il n’avait jamais gagné d’Oscar à ce jour? Peut-être. Le mélodrame de deux heures, mettant en vedette Charlton Heston et James Stewart, ne fait rien de plus que promouvoir l’art du cirque en y ajoutant quelques intrigues.
Sous le plus grand chapiteau du monde est probablement le pire film de tous les temps à avoir reçu le prix du meilleur film.
Le film qui aurait dû gagner: Le train sifflera trois fois (High Noon)
N’hésitez pas à regarder ces séries et films québécois qui sont disponibles sur Netflix.
Tant qu’il y aura des hommes (From Here to Eternity) – 1953
Suivant la vie de trois soldats de l’armée américaine (Burt Lancaster, Montgomery Clift et Frank Sinatra) à l’origine de l’attaque japonaise contre Pearl Harbor en 1941, le film de Fred Zinnemann a cette ambiance palpable d’une destinée tragique. Chaque moment et chaque conversation porte un poids supplémentaire puisque le public est bien au courant du dénouement. Tant qu’il y aura des hommes est marqué d’une représentation étonnamment franche de la sexualité et de l’infidélité, annonçant la révolution sexuelle des années soixante.
Le film qui aurait dû gagner: Vacances romaines (Roman Holiday)
Sur les quais (On the Waterfront) – 1954
Marlon Brando a redéfini à jamais le métier d’acteur avec son portrait du boxeur devenu débardeur, Terry Malloy, dans le chef-d’œuvre d’Elia Kazan. Un récit d’illusions perdues et d’engagements sociaux, Sur les quais nous montre le cas de conscience de Terry dans la ville d’Hoboken, au New Jersey.
Doit-il choisir la noirceur des chefs de syndicats corrompus et de voyous crapuleux? Ou la lumière représentée par la sœur de l’homme qu’il a abattu? Terry Mallow est l’archétype de l’ange déchu du cinéma américain.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Sur les quais (On the Waterfront)
Marty – 1955
Avec seulement 94 minutes, le film de Delbert Mann est le plus court et peut-être un des moins orthodoxes à avoir gagné le plus grand prix de la soirée des Oscars. Écrit par Paddy Chayefksy, ce court récit d’un boucher aimable, mais dépourvut d’amour (Ernest Borgnine) et de l’institutrice timide pour qui il s’éprend (Betsy Blair) est un des films les plus touchants du cinéma Kitchen-Sink.
Le film qui aurait dû gagner: Marty
Le Tour du monde en quatre-vingts jours (Around the World in 80 Days) – 1956
Le Tour du monde en quatre-vingts jours est une adaptation du célèbre roman de Jules Verne par Michael Anderson. C’est l’un des meilleurs exemples de la grandeur du cinéma hollywoodien des années 50: 140 décors, 69 000 figurants, 75 000 costumes et plus de 40 apparitions de célébrités.
Le film qui aurait dû gagner: Les Dix Commandements (The Ten Commandments)
Le pont de la rivière Kwaï (The Bridge on the River Kwai) – 1957
Le pont de la rivière Kwaï est le premier film de David Lean dans notre décompte, mais pas le dernier. Cette adaptation, située dans un camp japonais de prisonniers de guerre en Birmanie pendant la Seconde Guerre mondiale, raconte l’histoire du lieutenant-colonel Nicholson (Alec Guinness) qui, en réaction à son assignation à construire un pont sur la rivière, mènera une lutte psychologique acharnée contre le commandant, le colonel Saito (Sessue Hayakawa).
Explorant les thèmes de l’honneur, des classes sociales et des différences raciales, c’est l’un des films épiques les plus palpitants produits par Hollywood.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Douze hommes en colère (12 Angry Men)
Gigi – 1958
Vincente Minnelli a réalisé cette comédie musicale parisienne à propos d’un riche playboy (Louis Jourdan) qui tombe amoureux d’une courtisane (Leslie Caron), sur l’air des mélodies de Lerner et Loewe. Adapté d’un roman de Colette, Gigi commet un péché capital au cinéma: il n’est pas mémorable. Toutefois, le lieu superbe du tournage – Paris – nous permet de passer un bon moment.
Le film qui aurait dû gagner: La Chatte sur un toit brûlant (Cat on a Hot Tin Roof)
Ben-Hur – 1959
La scène spectaculaire de la course de chars est célèbre à juste titre, mais Ben-Hur se situe au-delà des décors gigantesques et des milliers de figurants. Au cours de ses 212 prodigieuses minutes, le réalisateur, William Wyler, et son scénariste, Karl Tunberg, relatent les épreuves et les tribulations du riche marchand Judah Ben-Hur (Charlton Heston), qui rencontre Jésus-Christ. Plus fascinante encore est la relation sexuellement ambiguë qu’il entretient avec son ami d’enfance, Messala (Stephen Boyd).
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Autopsie d’un meurtre (Anatomy of a Murder)
La garçonnière (The Apartment) – 1960
Dans La garçonnière, le réalisateur Billy Wilder trouve le juste équilibre entre tragédie et comédie. Jack Lemmon incarne C.C. Baxter, un pousse-crayon solitaire qui loue la garçonnière d’un patron libertin. Mlle Kubelik, une douce mais impressionnable opératrice d’ascenseur, jouée par Shirley MacLaine, s’inscrit parfaitement dans le jeu d’équilibriste de Jack Lemmon.
Il est impossible de ne pas s’enticher de ces deux héros déchus de La garçonnière, même si leurs décisions sont moralement discutables. La répartie finale est un véritable chef-d’œuvre de romantisme.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: La garçonnière (The Apartment)
West Side Story – 1961
Contenant le plus grand rôle de Natalie Wood, et des chorégraphies des plus inventives, West Side Story, de Jerome Robbins et Robert Wise, se démarque comme un film au style exceptionnel. Avec ses thèmes inédits, comme les différences raciales, le crime et les classes sociales, West Side Story a élevé à de nouveaux niveaux la comédie musicale et les adaptations de Shakespeare pour les décennies suivantes.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: West Side Story
Lawrence d’Arabie (Lawrence of Arabia) – 1962
La prise de vue de David Lean de la campagne du Moyen-Orient durant la Grande Guerre est la définition même du mot épique: paysages désertiques tentaculaires, cinématographie de 70 mm stupéfiante, scènes de batailles, musique enivrante et un des scénarios les mieux ficelés de l’histoire du cinéma.
Mais Lawrence d’Arabie ne serait rien sans le cœur qui bat en lui. Comme T.E. Lawrence, Peter O’Toole a créé ce personnage des plus complexes du cinéma, tour à tour rusé, compatissant, sadique, égoïste et sexuellement ambigu. Une performance que l’on ne voit plus souvent de nos jours.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Lawrence d’Arabie (Lawrence of Arabia)
Tom Jones – 1963
À la fois une satire sociale et une comédie picaresque, le film suit un orphelin de la campagne (Albert Finney dans une prestation exceptionnelle) au cours de ses hilarantes mésaventures, et sa quête pour l’amour de Sophie Western (Susannah York).
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Tom Jones
My Fair Lady – 1964
Quatre comédies musicales ont remporté le prix du meilleur film, et My Fair Lady de George Cukor fait partie des deux pires. Même s’il vaut toujours la peine de regarder à l’écran Audrey Hepburn dans de somptueux costumes, les chorégraphies et les chansons du film ne méritaient pas de battre le meilleur film satirique de la décennie – peut-être même de tous les temps.
Le film qui aurait dû gagner: Docteur Folamour (Dr. Strangelove)
La mélodie du bonheur (The Sound of Music) – 1965
Datant de la fin de l’âge d’or hollywoodien, La mélodie du bonheur est l’un des plus grands succès de tous les temps. Le public mondial a eu le coup de foudre pour Maria (Julie Andrews), le capitaine Georg (Christopher Plummer) et les sept enfants Von Trapp.
Élégamment filmé, monté avec art et écrit pour les enfants comme pour les adultes, La mélodie du bonheur est une superproduction universelle. Vous doutez qu’il soit d’actualité? Essayez de ne pas fredonner Mes joies quotidiennes (My Favourite Things) en l’entendant.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: La mélodie du bonheur (The Sound of Music)
Un homme pour l’éternité (A Man for All Seasons) – 1966
Bien qu’il ait remporté un prix de l’Académie pour sa performance, le jeu de Paul Scofield en Sir Thomas More reste sous-estimé. Sa performance naturelle donne vie au drame biographique de Fred Zinnemans, aidé par le fini glorieux de la cinématographie Technicolor et un scénario remarquable de Robert Bolt.
Le film qui aurait dû gagner: Qui a peur de Virginia Woolf? (Who’s Afraid of Virginia Woolf?)
Dans la chaleur de la nuit (In the Heat of the Night) – 1967
Réalisé par Norman Jewison, Dans la chaleur de la nuit met en vedette Sidney Poitier dans le rôle du détective, Virgil Tibbs, chargé de résoudre un meurtre avec le shérif Gillespie (Rod Steiger), bigot et représentant de la loi à Sparta, dans le Mississippi.
La position anti-raciste exprimée dans ce film a beaucoup plu au jury des Oscars, et ce style «vieux couple» dans un genre policier a inspiré de nombreux films d’action subséquents. Un autre film américain a cependant été plus marquant pour l’époque…
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Le Lauréat (The Graduate)
Oliver! – 1968
«S’il vous plaît, monsieur, j’en veux encore.» Oliver Twist de Charles Dickens est un roman si célèbre que même ceux qui ne l’ont pas lu connaissent l’histoire de cet orphelin courageux qui se lie d’amitié avec une bande de pickpockets londoniens. Pourtant, même un maître du cinéma comme Carol Reed ne peut sauver ce film, fait de chansons et de danses. Mieux vaut aimer les chansons…
Le film qui aurait dû gagner: Le Lion en hiver (The Lion in Winter)
Macadam Cowboy (Midnight Cowboy) – 1969
Y -t-il un film culte sur la misère humaine qui soit plus respecté que Macadam Cowboy? Le film de deux heures de John Schlesinger sur la poisse relate l’improbable amitié d’un petit escroc graisseux, Ratso Rizzo (Dustin Hoffman), et un travailleur du sexe, Joe Buck (Jon Voight). Chaque scène provoque des sueurs froides, et l’enterrement des années soixante se ressent comme un gros nuage noir.
Macadam Cowboy a fait la lumière, en 1969, sur un côté sombre de l’Amérique encore peu connu du public.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Macadam Cowboy (Midnight Cowboy)
Patton – 1970
Outre l’inoubliable scène d’ouverture dans laquelle George C. Scott livre le discours passionné de George S. Patton devant un gigantesque drapeau américain, Patton s’inscrit comme un film historique classique. Il se distingue par la prestation éblouissante de l’acteur principal, et son scénario bien ficelé, qui rappelle les plus célèbres bévues du général durant la Seconde Guerre mondiale (dont celle où il gifle un soldat en état de choc après un bombardement).
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Cinq pièces faciles (Five Easy Pieces)
La filière française (The French Connection) – 1971
Durant cette décennie riche en films policiers et justiciers, cette histoire d’une opération de trafic de drogue et de policiers (Gene Hackman et Roy Scheider) qui ont juré de la déjouer, serait la plus nihiliste.
L’incroyable poursuite automobile de La filière française est restée célèbre, mais son plus grand atout est le réalisme qu’apporte son réalisateur, William Friedkin: filatures, descentes dans les bars et surveillances nocturnes sont toutes phénoménales. Dans le monde de La filière française, poursuivre un suspect est aussi risqué qu’être au milieu d’un tir croisé.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: La filière française (The French Connection)
Le Parrain (The Godfather) – 1972
Que reste-t-il à dire sur Le Parrain? Le film culte de Francis Ford Coppola a inspiré des centaines d’imitateurs qui n’ont jamais réussi à l’égaler. Les trois heures de film sont absolument irréprochables, en raison notamment du scénario génial de Coppola et de l’auteur du livre, Mario Puzo, de la cinématographie inédite de Gordon Willis et de ce qui est peut-être la plus incroyable distribution jamais réalisée dans l’histoire du cinéma.
Aucun film n’est arrivé aussi bien à décrire la croisade de l’immigration, et les dessous sombres de l’Amérique que Le Parrain.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Le Parrain (The Godfather)
L’Arnaque (The Sting) – 1973
Le film de George Roy Hill, L’Arnaque, a rapporté 160 millions de dollars au box-office; adapté en fonction de l’inflation, cela représente une somme impressionnante de 800 millions de dollars! Il n’est pas difficile de comprendre ce qui a attiré le public vers cette comédie de deux escrocs qui tentent de déjouer un chef de la mafia. Ce qui est moins compréhensible, c’est à quel point le charme de Paul Newman et de Robert Redford a pu vaincre la forte concurrence. Les autres films sélectionnés cette année-là étaient L’Exorciste, un film d’horreur historique, Cris et chuchotements, un classique international d’art et d’essai, et American Graffiti, le film qui a fait connaître George Lucas. En parlant de films qui font peur, découvrez ces anthologies d’horreur incontournables.
Le film qui aurait dû gagner: L’Exorciste (The Exorcist)
Le Parrain II (The Godfather Part II) – 1974
Le Parrain II dépasse-t-il Le Parrain? Peu importe, les deux films sont en symbiose, chacun insufflant plus de profondeur à l’autre. Dans celui-ci, le réalisateur, Francis Ford Coppola, élargit le cadre de l’histoire de la famille mafieuse Corleone. Il suit Michael dans ses démarches pour le contrôle du monde interlope au Nevada et à Cuba, et raconte l’arrivée de son père, Vito, à New York au tournant du 20e siècle.
Al Pacino et Talia Shire n’ont jamais atteint de tels sommets. Il en résulte une légende typiquement américaine des pères, des fils et du péché, dans une tragédie digne de Shakespeare.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Le Parrain II (The Godfather Part II)
Vol au-dessus d’un nid de coucou (One Flew Over the Cuckoo’s Nest) – 1975
S’inspirant du roman du même nom paru en 1962, de Ken Kesey, ce nouveau classique hollywoodien de Milos Forman est une histoire de perdant, en dose égale de pathos et de comédie.
Dans le rôle d’un patient d’hôpital psychiatrique, Randall McMurphy, Jack Nicholson incarne un rebelle contre le système, et ici contre la taciturne infirmière Ratched (Louise Fletcher). Un récit puissant sur les risques de l’absolutisme.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Barry Lyndon
Rocky – 1976
Sylvester Stallone, récipiendaire de l’Oscar du meilleur acteur et celui du meilleur scénario original, salue la légende du boxeur lessivé qui a la chance de combattre pour le titre mondial des poids lourds. Mais mieux encore, il va trouver l’amour avec une caissière d’animalerie timide (Talia Shire).
Les moments clés du film, et l’entraînement en particulier, sont devenus de véritables clichés des films sportifs. La réception des suites du film n’a pas été plus favorable, faisant presque de Rocky Balboa l’objet de la risée générale. Mais l’original a gagné, même si le boxeur perd en finale.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Taxi Driver
Annie Hall – 1977
Sans doute un film oscarisé amusant, Annie Hall est l’archétype des films de Woody Allen. Le comédien, devenu auteur, se déchaîne: sauts chronologiques, écrans partagés, rupture du 4e mur, pensées profondes en sous-titres, relation chaotique de deux New-Yorkais indépendants en dessins animés.
Qui d’autre que Woody Allen et Diane Keaton auraient pu rendre émouvante une scène de cuisson de homards, ou faire d’un moment sur un banc de parc une ode à l’amour? Depuis 1977, toute comédie romantique est redevable à Annie Hall.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Annie Hall
Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter) – 1978
Voyage au bout de l’enfer, de Michael Cimino, débute avec un mariage et s’achève avec un enterrement. Trois amis (Robert De Niro, Christopher Walken et John Savage) s’enrôlent pour le Vietnam.
Le portrait parfois cinglant des Vietnamiens, et une scène, où des GI sont contraints par leurs geôliers de jouer leur vie à la roulette russe, demeurent controversés. Mais peu de films dépeignent aussi bien l’absurdité de la guerre, et son impact dramatique sur l’âme humaine.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter)
Kramer contre Kramer (Kramer vs. Kramer) – 1979
Dustin Hoffman et Meryl Streep (qui a inexplicablement remporté dans la catégorie Meilleure actrice dans un second rôle, alors qu’elle interprétait un personnage principal) jouent un couple qui traverse une séparation douloureuse. Le film du réalisateur Robert Benton a pour but de changer les perceptions sur le rôle des hommes et des femmes. Quoique l’œuvre est significative sur le plan culturel, elle a également volé le trophée du meilleur film à l’une des plus grandes réussites de l’histoire cinématographique…
Le film qui aurait dû gagner: Apocalypse Now (Apocalypse Now)
Des gens comme les autres (Ordinary People) – 1980
Lorsque le fils aîné d’une famille de la classe moyenne meurt lors d’un accident de navigation, son père (Donald Sutherland), sa mère (Mary Tyler Moore) et son jeune frère en difficulté (Timothy Hutton) tombent en chute libre. Des gens comme les autres, c’est aussi le début Robert Redford à la réalisation: mémorable pour son portrait puissant du deuil. Moore est fantastique dans le rôle d’une figure maternelle complexe. Cependant, la décision de certains de certifier Des gens comme les autres comme le meilleur film de la décennie reste controversée.
Le film qui aurait dû gagner: Comme un taureau sauvage (Raging Bull)
Les Chariots de feu (Chariots of Fire) – 1981
Les chariots de feu suivent deux coureurs en compétition lors des Jeux olympiques de Paris de 1924: un Écossais chrétien (Ian Charleson) et un juif anglais (Ben Cross) confronté à l’antisémitisme.
Les prix de l’Académie sont critiqués depuis longtemps pour avoir décerné des films inoffensifs et qui se louangent eux-mêmes. Le film coche les deux cases. Combien de personnes se souviennent des Chariots de feu quatre décennies plus tard, si ce n’est pas que pour la bande sonore de Vangelis?
Le film qui aurait dû gagner: Les Aventuriers de l’arche perdue (Raiders of the Lost Ark)
Gandhi – 1982
Tout le monde sait que les électeurs de l’Académie adorent les biopics: mise à part quelques exceptions, ces récits d’époques guidés par les personnages tendent à être des productions grandioses, voire divertissantes. Le Gandhi de Richard Attenborough est un véritable biopic dans tous les sens du mot, ramenant à la vie l’histoire du politicien indien et homme spirituel Mahatma Gandhi avec une attention aux détails impressionnante. La performance de Sir Ben Kingsley en Gandhi est inoubliable: plus de 30 ans plus tard, c’est encore son rôle le plus célèbre. Aussi, notez la courte apparition d’un jeune Daniel Day-Lewis qui interprète l’un des voyous sud-africains qui s’attaquent à Gandhi.
Le film qui aurait dû gagner: E.T., l’extraterrestre (E.T. the Extra-Terrestrial)
Tendres passions (Terms of Endearment) – 1983
Ce résumé de 30 ans d’histoire familiale en 132 minutes n’est pas un mince exploit. Le talent de James L. Brooks et de toute sa figuration étoilée (Shirley MacLaine, Debra Winger, Jack Nicholson, Danny DeVito, Jeff Daniels et John Lithgow), font revivre de façon réaliste l’histoire de cette mère courage et de sa fille, ainsi que des hommes de leur vie.
Le film suit son propre style épisodique jusqu’au renversement de situation, qui en a fait un succès légendaire à faire pleurer les auditoires.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: L’étoffe des héros (The Right Stuff)
Amadeus – 1984
Wolfgang Amadeus Mozart aurait peut-être aimé produire lui-même cette biographie. Le film de Milos Forman, à la fois somptueux, rebelle, drôle et tragique, porte sur le jeune Mozart (Tom Hulce) et sur l’homme qui jalouse le plus son talent, le compositeur Antonio Salieri (F. Murray Abraham, Oscar du meilleur acteur). Il s’agit assurément d’un des films les plus audacieux jamais produits dans le domaine de la musique et du processus créatif.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Amadeus
Out of Africa – 1985
Meryl Streep et Robert Redford ne peuvent sauver le côté ennuyeux d’Out of Africa, de Sydney Pollack. Basé sur les mémoires du même nom. Il aurait pu sembler impossible de rendre ennuyeux un film sur les aventures et les révélations d’une femme au Kenya, mais Out of Africa y parvient. Les paysages d’Afrique de l’Est sont toutefois magnifiques…
Le film qui aurait dû gagner: Témoin sous surveillance (Witness)
Platoon – 1986
«La mort? Qu’en savez-vous?», demande le sergent Barnes balafré (Tom Berenger) à une salle remplie de jeunes soldats fumeurs de mari. Le film Platoon, d’Oliver Stone, est le témoignage de la fin d’une innocence, autant chez le protagoniste, Chris Taylor (Charlie Sheen), que pour toute une génération.
Et comme la plupart des films sur la guerre du Vietnam, Platoon ne se contente pas de clichés, mais fait un rappel historique de l’implication américaine au Vietnam, pleine de confusion et de remords.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Hannah et ses sœurs (Hannah and Her Sisters)
Le dernier empereur (The Last Emperor) – 1987
L’étude de l’empereur Pu-Yi sur des dizaines d’années a probablement donné le plus inattendu des meilleurs films. Sa distribution internationale et son travail d’orfèvre dans la reproduction de la Chine de la dynastie Qing ont permis à ce film épique de se mesurer aux plus populaires Liaison fatale (Fatal Attraction) et Éclair de lune (Moonstruck).
Il faut saluer le jury de l’Académie pour avoir choisi l’art plutôt que la popularité, ce qui a marqué une victoire dans le monde du cinéma.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Broadcast News
Rain Man – 1988
L’affiche est probablement la chose la plus réussie de Rain Man. Ce film trop long, qui raconte l’histoire d’un concessionnaire automobile yuppie (Tom Cruise) qui part en voyage avec son frère autiste (Dustin Hoffman), a remporté la 61e cérémonie des Oscars.
Le plus grand impact culturel de Rain Man? Il a popularisé l’idée fausse selon laquelle le comptage de cartes est illégal aux États-Unis. La carrière d’Hoffman a atteint son apogée avec Rain Man.
Heureusement, Cruise (qui a joué le rôle le plus difficile des deux) allait ensuite (et grâce à Rain Man?) jouer des rôles plus matures.
Le film qui aurait dû gagner: Les Liaisons dangereuses (Dangerous Liaisons)
Miss Daisy et son chauffeur (Driving Miss Daisy) – 1989
Basé sur la pièce de théâtre du même nom lauréate d’un prix Pulitzer, Miss Daisy et son chauffeur raconte – sur plusieurs décennies – l’histoire d’une riche veuve juive (Jessica Tandy) et de son chauffeur noir (Morgan Freeman), qui développent un lien improbable pendant une période historique de changements sociaux. Miss Daisy et son chauffeur a l’étrange capacité de tirer sur la corde sensible; il constitue également un divertissement incroyablement simple.
Le film qui aurait dû gagner: Le Cercle des poètes disparus (Dead Poets Society)
Danse avec les loups (Dance with Wolves) – 1990
Kevin Costner était le chouchou de l’Amérique lorsqu’il a réalisé, produit et joué dans le film Danse avec les loups. On y raconte l’histoire d’un lieutenant de l’armée de l’Union qui se lie d’amitié avec des Indiens Sioux sur la frontière. Bien que le film ait eu le mérite de redonner vie au western – alors en perte de vitesse – et qu’il ait offert des performances exceptionnelles de Mary McDonnell et Graham Greene, Danse avec les loups est peut-être l’exemple le plus célèbre du phénomène du «sauveur blanc» d’Hollywood. De plus, c’est un autre moment où un film simplement correct a battu un grand classique cinématographique pour le prix tant convoité du meilleur film.
Le film qui aurait dû gagner: Les Affranchis (GoodFellas)
Le silence des agneaux (The Silence of the Lambs) – 1991
Il n’est pas étonnant que Le silence des agneaux, de Jonathan Demme, ait raflé les cinq Oscars principaux, et se soit imposé instantanément comme nouveau jalon culturel. Avant même que Buffalo Bill, le tueur en série, n’ait reçu son châtiment, Anthony Hopkins, qui incarnait le Dr Hannibal Lecter, s’était imposé comme le monstre le plus fascinant du cinéma; Jodie Foster, Clarice Starling, l’héroïne la plus inspirante; et le chianti, le vin de prédilection de tous les psychopathes.
Le point d’orgue du Silence des agneaux est une séance de thérapie impromptue qui révèle le sens du titre, et qui demeure l’une des scènes les plus obsédantes du cinéma américain.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Le silence des agneaux (The Silence of the Lambs)
Impitoyable (Unforgiven) – 1992
En 1992, Clint Eastwood a redéfini le genre western avec Impitoyable. Lorsque des prostituées mettent à prix la tête de deux hommes brutaux, le hors-la-loi repenti, William Munny (Eastwood), remonte en selle avec son vieil ami (Morgan Freeman), et un jeune zélé vite sur la gâchette, pour collecter la rançon. Entre-temps, le violent shérif de la ville (Gene Hackman) fait de leur capture son obsession.
Impitoyable est un film qui réfléchit sur l’impact de la violence, les conséquences du fanatisme et ce qui se passe lorsque les seuls encore debout après la fusillade sont les mauvais garçons.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Impitoyable (Unforgiven)
La liste de Schindler (Schindler’s List) – 1993
Steven Spielberg avait déjà produit des récits historiques pour adultes, mais le drame en noir et blanc sur Oskar Schindler (Liam Neeson), un industriel allemand membre du parti nazi qui a sauvé plus de 1000 Juifs polonais durant l’Holocauste a pris le public et les critiques par surprise.
La technique de Spielberg atteint ici des sommets. La réalisation, la cinématographie, les décors et les nuances multiples de tons sont stupéfiants. C’est la représentation phare de l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire de l’Europe.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: La liste de Schindler (Schindler’s List)
Forrest Gump – 1994
Forrest Gump fera partie de la mémoire collective pour de nombreuses raisons: c’est le film le plus brillant de 1994, celui qui a convaincu l’Amérique que Tom Hanks était un véritable acteur et c’est l’inspiration pour la chaîne de restauration loufoque Bubba Gump Shrimp Company. Quoiqu’il semble plus artificiel que jamais auparavant, Forrest Gump demeure une œuvre que l’on peut revisionner et citer à l’infini, en plus d’être très nostalgique. Bête, mais idéaliste, Forrest Gump est le héros américain pour qui tout le monde semble avoir un faible, que les gens l’admettent ou non.
Le film qui aurait dû gagner: Les Évadés (The Shawshank Redemption)
Cœur Vaillant (Braveheart) – 1995
Plein d’effets spectaculaires mais dépourvu de profondeur, Cœur Vaillant a été un moment de gloire pour Mel Gibson en tant que réalisateur. Son interprétation du légendaire guerrier William Wallace – qui a mené les guerres d’indépendance de l’Écosse contre les Britanniques – a joué un rôle considérable dans la diffusion de la légende de Wallace auprès du grand public. Malgré un effort technique impressionnant, Cœur Vaillant reste un film inégal.
Le film qui aurait dû gagner: Raisons et Sentiments (Sense and Sensibility)
Le Patient anglais (The English Patient) – 1996
Le Patient anglais est plus facilement admirable qu’appréciable, mais il ne mérite pas d’être détesté. Le succès du box-office de Anthony Minghella, mettant en scène des paysages magnifiques et un jeu poignant de Ralph Fiennes, Kristin Scott Thomas et Juliette Binoche, est un retour en arrière aux films romantiques de l’âge d’or d’Hollywood.
Le film qui aurait dû gagner: Fargo
Titanic – 1997
Le film Titanic a prouvé les faiblesses du réalisateur James Cameron par ses sérieuses lacunes en scénarisation. Chaque scène d’action spectaculaire s’accompagne de deux répliques mielleuses. Malgré tout, l’envergure même du film demeure fascinante, et l’alchimie entre Kate Winslet et Leonardo DiCaprio très réussie. Le Titanic aurait malheureusement pu détonner avec un bon scénariste.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Los Angeles interdite (L.A. Confidential)
Le Titanic fait partie des films cultes qui ont été tournés au Canada!
Shakespeare et Juliette (Shakespeare in Love) – 1998
Peu importe que Shakespeare et Juliette ait battu deux des plus grands films de guerre jamais réalisés pour la statuette la plus prisée d’Hollywood – ce n’était même pas le meilleur drame élisabéthain nommé cette année-là! Bien sûr, la romance fantaisiste entre le Barde d’Avon et la fictive Viola de Lesseps est charmante à regarder, et son approche de l’adaptation de Shakespeare au grand écran est inventive, mais ce n’est certainement pas le meilleur film de 1998.
Le film qui aurait dû gagner: Il faut sauver le soldat Ryan (Saving Private Ryan)
Shakespeare et Juliette est l’un des films qui figurent au palmarès des pires erreurs historiques!
Beauté américaine (American Beauty) – 1999
Il peut être difficile de regarder Beauté américaine, après les allégations contre Kevin Spacey. Mais l’histoire de l’engouement d’un directeur de publicité pour la meilleure amie de sa fille adolescente crée un malaise. Le fait que le scénariste Alan Ball excuse les désirs illégaux de son personnage en sous-entendant que la meilleure amie en question a des relations sexuelles régulièrement n’arrange rien. Toutefois, la performance d’Annette Bening reste une révélation.
Le film qui aurait dû gagner: Le Sixième Sens (The Sixth Sense)
Gladiateur (Gladiator) – 2000
On croyait les péplums démodés jusqu’à l’arrivée de Gladiateur, à la fin des années 90. Le conte épique de Ridley Scott, sur une vengeance dans l’ancienne Rome, a déclenché une vague de drames historiques dont aucun n’a atteint la puissance émotionnelle de Gladiateur. Un bon exemple: le moment où l’ancien général Maximus, fait esclave, joué par Russell Crowe, retire son masque et révèle son identité au méchant empereur, joué par Joaquin Phoenix devant un forum bondé. Cette scène est instantanément devenue une référence dans le monde cinématographique. Gladiateur est une mégaproduction hollywoodienne faite dans les règles de l’art.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Tigre et dragon (Crouching Tiger, Hidden Dragon)
Un homme d’exception (A Beautiful Mind) – 2001
Il est facile de comprendre ce qui a pu charmer le public et les électeurs de l’Académie dans Un homme d’exception en 200: Russel Crowe était au sommet de sa carrière. Aussi, c’est toujours agréable de voir des gens très intelligents faire des choses très intelligentes. Malgré quelques bonnes performances, il est difficile d’accepter l’approche profondément formelle d’Un homme d’exception sur la lutte du mathématicien John Forbes Nash contre la schizophrénie.
Le film qui aurait dû gagner: Sans issue (In the Bedroom)
Chicago – 2002
Rob Marshall est synonyme d’histoires plus grandes que nature et de chorégraphies passionnantes. Dans son long métrage (une autre production de Weinstein), Marshall a rassemblé les principaux acteurs d’Hollywood (Renée Zellweger, Catherine Zeta-Jones et Richard Gere) pour raconter à nouveau l’histoire d’une danseuse qui assassine son amant et jouit d’une notoriété nationale. Sa consternation du système judiciaire américain et de la culture de la célébrité est divertissante, mais était confrontée à une meilleure compétition lors de la 75e édition des prix de l’Académie.
Le film qui aurait dû gagner: Le Pianiste (The Pianist)
Le Seigneur des anneaux: le retour du roi (The Lord of the Rings: The Return of the King) – 2003
La décision de Peter Jackson de présenter l’histoire du Hobbit, de J.R.R. Tolkien, en trois longs films (ce qui est risqué), donne encore plus de valeur au Retour du roi. La seule façon de clore une trilogie qui révolutionne les effets spéciaux et l’adaptation de romans au cinéma était de se surpasser.
Une grande scène de bataille? Il nous en offre trois. Une grande finale? Il en filme quatre et nous les présente toutes. Peu de films n’atteindront jamais une telle liberté dans l’extravagance, et une émotion qui soit aussi authentiquement poignante.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Le Seigneur des anneaux: le retour du roi (The Lord of the Rings: The Return of the King)
La fille à un million de dollars (Million Dollar Baby) – 2004
Existe-t-il un film plus déprimant que La fille à un million de dollars? Oui. Est-ce que La fille à un million de dollars joue le drame sportif graveleux pour obtenir un Oscar? Non. Clint Eastwood, Hilary Swank et Morgan Freeman donnent à leurs personnages tragiques une telle humanité qu’on se laisse prendre totalement à l’histoire. Le sens de la narration de Clint Eastwood est également impressionnant. Si ceci avait été son dernier film, cela aurait été un adieu magistral.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: La fille à un million de dollars (Million Dollar Baby)
Collision (Crash) – 2005
Le réalisateur et scénariste Paul Haggis était persuadé de tenir quelque chose de grand avec son film Collision, et pourtant… L’œuvre aborde entre autres les tensions raciales à Los Angeles, de la perspective d’un détective noir, d’un serrurier latino-américain, d’un propriétaire de magasin persan et d’un procureur blanc.
L’idée principale du film – tout le monde a plus ou moins des préjugés – est assez vraie. C’est seulement dommage que le message soit transmis par des stéréotypes soutenus par un scénario ridicule. Les rares points positifs du film sont l’interprétation de Matt Dillon en policier raciste, et la force évocatrice de la musique de Mark Isham.
Le film qui aurait dû gagner: Souvenirs de Brokeback Mountain (Brokeback Mountain)
Ne manquez pas ces films et séries incontournables!
Les infiltrés (The Departed) – 2006
Les gens qui ne parlent que de la malchance de Martin Scorsese aux Oscars ne rendent pas justice à son film Les infiltrés. Faire de l’épopée d’un gang de Boston le meilleur film ne représentait pas la dernière chance de Scorsese d’obtenir réparation pour le passé, c’était plutôt une évidence. Aucun autre film grand public de 2006 n’était aussi passionnant, sans retenue et hilarant que Les infiltrés. Avec Frank Costello, joué par Jack Nicholson, délirant chef de gang qui balance des poignées de cocaïne sur les airs d’un opéra de Gaetano Donizetti, Les infiltrés et ses groupes de malfrats atteignent le grand art.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Les infiltrés (The Departed)
Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme (No Country for Old Men) – 2007
Les frères Coen ont fait des films plus drôles (Arizona junior), plus sombres (Barton Fink) et plus émouvants (Être Llewyn Davis), mais Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme est certainement celui qui rapproche le duo de la perfection. Leur western néo-noir s’impose comme le sommet de leurs obsessions et excentricités: un marché qui tourne mal, un homme ordinaire confronté à des défis insurmontables, un méchant incontournable et de la profondeur enrobée d’absurdité hilarante. Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme a bien vieilli. Mais il n’est pas joyeux.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Il y aura du sang (There Will Be Blood)
Le pouilleux millionnaire (Slumdog Millionaire) – 2008
Presque destiné à être un vidéofilm, le film et son succès improbable reflètent celui de son protagoniste Jamal Malik (Dev Patel), âgé de 18 ans. Participant de la version indienne de Who Wants to be a Millionaire?, Malik revisite les moments les plus importants de sa vie afin de répondre aux questions, tout en tentant de reconquérir l’amour de son enfance (Freida Pinto). Quoique le récit maintes fois raconté ne devrait pas fonctionner, il réussit à merveille. Le visuel frénétique, la trame sonore et narrative font du Pouilleux millionnaire un film de romance hollywoodien digne des années 50 pour le 21e siècle multiculturel et obsédé par la technologie.
Le film qui aurait dû gagner: Le pouilleux millionnaire (Slumdog Millionaire)
Démineur (The Hurt Locker) – 2009
«La ruée de la bataille crée une dépendance puissante et presque létale, car la guerre est une drogue»: voilà l’intertitre du film abrasif de Kathryn Bigelow sur une équipe spéciale des explosifs et munitions pendant la guerre en Irak. Démineur, dont la structure narrative se compose essentiellement de vignettes est pratiquement dépourvu de trajectoires personnelles: il constitue un choix radical comme meilleur film. En dépeignant les mêmes situations à répétition, Démineur crée une tension extrême tout au long du film.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Le commando des bâtards (Inglourious Basterds)
Le Discours d’un roi (The King’s Speech) – 2010
Encore un film de Weinstein… Vous remarquez une tendance? Porté par des performances mémorables et une attention exquise aux détails de l’époque, ce récit de la relation entre le roi George VI – qui bégayait – et son orthophoniste, est une ode aux plaisirs de la narration.
Le film qui aurait dû gagner: Le Réseau social (The Social Network)
L’Artiste (The Artist) – 2011
Avant sa déchéance internationale, Harvey Weinstein pouvait transformer des films quelconques en lauréat pour les Oscars. La preuve: L’Artiste. Ce retour en arrière de la France au cinéma muet américain n’était pas censé être réussi. Son réalisateur – Michel Hazanavicius – et ses vedettes, Jean Dujardin et Bérénice Bejo, avaient déjà collaboré à deux parodies de films d’espionnage en France. Mais lorsque Weinstein a acheté les droits de distribution de L’Artiste et s’est lancé dans une course aux Oscars, la partie était terminée pour les électeurs de l’Académie, qui (en 2011, en tout cas) semblaient avoir un faible pour la banalité.
Le film qui aurait dû gagner: L’Arbre de la vie (The Tree of Life)
Argo – 2012
Argo n’est pas un film terrible. Cette histoire réelle d’agents de la CIA qui tentent de faire sortir clandestinement des diplomates américains de Téhéran réussie à offrir quelques moments de suspense. Son véritable problème – outre le fait qu’il ne reconnaît pratiquement pas le rôle joué par le Canada dans cette mission réelle – est d’être terriblement quelconque. Cependant, nous devons à Argo la résurgence de la carrière de Ben Affleck sur le déclin, pour le meilleur et pour le pire.
Le film qui aurait dû gagner: Opération avant l’aube (Zero Dark Thirty)
Esclave pendant douze ans (12 Years a Slave) – 2013
Esclave pendant douze ans est parfois dur à regarder, mais il est difficile de détourner les yeux. Ceci parce que l’adaptation du réalisateur Steve McQueen de la biographie de Solomon Northup, un Afro-Américain libre qui a été drogué, kidnappé et vendu comme esclave à La Nouvelle-Orléans, nous tient rivés à l’écran. Esclave pendant douze ans a lancé Lupita Nyong’o dans ses débuts exceptionnels.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Her
Birdman – 2014
Probablement le plus polarisant des films à gagner le prix de la dernière décennie, Birdman se veut, avec un A majuscule, de l’art. Il y réussit même parfois. Le récit du réalisateur Alejandro González Iñárritu, qui porte sur un acteur dépassé tentant de regagner sa crédibilité, est bourré avec tant de récits et de bizarreries techniques qu’il est étonnant qu’il ait réussi à se hisser en lice pour le prix du meilleur film. Un film tout autant révolutionnaire fut sélectionné cette année-là, mais c’est l’extravagance de Birdman qui conquit les électeurs de l’Académie. On lui doit au moins d’avoir relancé la carrière de Michael Keaton.
Le film qui aurait dû gagner: Boyhood
Spotlight – 2015
Mettant en vedette Michael Keaton, Rachel McAdams and Mark Ruffalo, Spotlight raconte l’histoire vraie de l’enquête du journal Boston Globe, lauréat du prix Pulitzer, qui a révélé des décennies d’abus sexuel au sein de l’Église catholique. Avec Les hommes du président (All the President’s Men) et Broadcast News, Spotlight est l’un des films cultes sur le journalisme.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Mad Max: La Route du chaos (Mad Max: Fury Road)
Moonlight – 2016
Avant-gardiste et intimiste, Moonlight est un brillant exemple de la réalisation de films contemporains. Deuxième long métrage de Barry Jenkins, il se passe à Miami, et suit Chiron, un Afro-Américain gay, dans trois chapitres de sa vie: l’école élémentaire, le secondaire et l’âge adulte. Ses rêves et ses désirs sont toujours au premier plan.
Le message de Moonlight est très clair pour tous les hommes de la terre: ceux de couleur, gays ou qui cachent simplement leur nature profonde au reste du monde.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Moonlight
Cinéphile, n’hésitez pas à jeter un oeil à notre rubrique cinéma pour plus d’inspiration!
La forme de l’eau (The Shape of Water) – 2017
Dans le retour à l’âge d’or d’Hollywood de Guillermo del Toro, une femme de ménage muette (Sally Hawkins) tombe amoureuse d’un amphibien humanoïde dans un centre de recherche top secret.
Si La Forme de l’eau est effectivement une merveille technique, son exploration de thèmes lourds – politique de la guerre froide, identité sexuelle, handicap – est terriblement simpliste. Il est agréable de voir des films bizarres comme La Forme de l’eau remporter la victoire aux Oscars, mais une histoire d’amour plus étrange méritait davantage la statuette dorée…
Le film qui aurait dû gagner: Le Fil caché (Phantom Thread)
Si vous êtes amateur de science-fiction, vous pouvez regarder les films de Marvel dans le bon ordre chronologique!
Le livre de Green (Green Book) – 2018
Dans cet hommage – plutôt fade – à l’amitié et à la tolérance raciale, le videur italien Tony «Lip» Vallelonga (Viggo Mortensen) devient le chauffeur du pianiste noir Don Shirley (Mahershala Ali) lors de sa tournée de concerts dans le Grand Sud en 1962. Malheureusement, Le livre de Green s’intéresse davantage à la rédemption de Vallelonga qu’à la souffrance de Shirley, obligeant ce dernier à passer au second plan dans sa propre histoire.
Le film qui aurait dû gagner: Une étoile est née (A Star Is Born)
Parasite – 2019
Le succès financier et critique de Parasite, de Bong Joon-ho, qui a dépassé les 250 millions $ dans le monde, et représenté le premier lauréat du meilleur film dans une autre langue que l’anglais, constitue un véritable tournant dans le monde du cinéma mondial. Et cela n’aurait pu tomber sur un film plus opportun.
La critique acerbe de Bong sur les inégalités sociales en Corée du Sud, dans laquelle l’indigente famille Kim use de stratagèmes pour entrer au service de la riche famille Park, a des côtés diaboliques captivants. Le suspense est incroyable. Et la présentation des familles sans parti-pris moralisateur constitue la plus grande force du film.
Le film qui aurait dû gagner l’Oscar: Parasite
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