Ici, ailleurs, par Matthieu Simard
Qui n’a pas déjà rêvé de tout laisser derrière et d’aller voir si le gazon n’est pas plus vert chez le voisin? Et si le secret pour se réapproprier le bonheur, c’était de repartir à neuf, ailleurs? C’est ce qu’ont décidé de faire Marie et Simon. Arrivés dans un village qui se meurt à petit feu, ils découvrent peu à peu le rôle de chacun, dans ce lieu où tous semblent cacher quelque chose. Avec Ici, ailleurs, Matthieu Simard crée un roman tout aussi court que bouleversant sur la fuite en avant. Moralité: ne laissez jamais traîner de drames derrière vous.
Éditions Alto, Québec
Nos richesses, par Kaouther Adimi
Ryad cherche un stage. L’ami de son père lui en trouve un. Il quitte Paris pour Alger, où il aura comme tâche toute simple de vider le local d’une ancienne librairie pour en repeindre les murs. Mais il trouve là un quartier qui lui est hostile: aucun commerçant n’accepte de lui vendre un pot de peinture, on lui interdit de jeter les livres aux ordures, un vieillard campe devant sa porte et une voiture grise semble le suivre partout en ville. Doucement, le lecteur découvre l’histoire derrière cette bouquinerie qui a traversé l’Histoire et les guerres. Son fondateur, Edmond Charlot, l’a entretenue durant des décennies, comme on chérit un rêve.
Éditions Seuil, Paris
Mourir d’oubli: Chroniques de la grand’rue et des alentours, par André Hamel
Signer un premier roman à l’âge de 72 ans, cela suffit déjà à piquer la curiosité. Avec Mourir d’oubli: Chroniques de la grand’rue et des alentours, André Hamel propose un album souvenir, une mémoire vive. Avec talent et bonhomie, il nous plonge dans son Shawinigan natal, et nous le fait découvrir tantôt comme un historien, tantôt comme le badaud du village, mais surtout avec l’amour de celui qui a le souvenir précis. Étonnamment à l’aise et efficace dans la langue et avec un style qui rappelle l’errance dans les rues de notre enfance, Hamel nous livre un roman d’une grande tendresse et d’une merveilleuse inventivité.
Éditions Leméac, Montréal
La serpe, par Philippe Jaenada
On aborde certains livres comme d’anciennes amours, avec nostalgie, sourire en coin. C’est dans cet état d’esprit que j’ai ouvert La serpe, treizième roman de Philippe Jaenada. Ses récents ouvrages s’inspirent de faits divers dans lesquels l’auteur, qui n’a jamais hésité à piocher dans sa vie pour modeler ses livres, parvient tout de même à se raconter. Ici, il nous plonge en plein Périgord, en 1941: un homme se lève un matin pour découvrir son père, sa tante et la bonne assassinés à coups de serpe. Il sera accusé puis acquitté des meurtres et deviendra plus tard écrivain. Jaenada retourne sur les lieux 75 ans plus tard et tente de comprendre.
Éditions Julliard, Paris
Tenebra Roma, par Donato Carrisi
Dans quelques instants, Rome sera plongée dans l’obscurité pour 24 h. Situation météo exceptionnelle, les autorités tentent de parer le coup, mais s’inquiètent des débordements possibles que pourrait engendrer ce mauvais sort. Et si un pape avait ordonné, il y a plus de 500 ans, que jamais Rome ne soit précipitée dans le noir total? Et si le temps de ce black-out les forces d’un mal ancien ressurgissaient et livraient la ville au chaos? Et si sans téléphone ni internet, un prêtre et une policière devaient tenter de changer la donne? Voilà l’horreur dans laquelle nous plonge l’auteur italien de polars Donato Carrisi, pour notre plus grand plaisir.
Éditions Calmann-Lévy, Paris
Vivre cent ans, par Marie-Noëlle Blais et Justine Latour
Existe-t-il une cure de jouvence ou un élixir promettant une jeunesse éternelle? À lire les 10 témoignages de centenaires recueillis par Marie-Noëlle Blais et immortalisés par des portraits de la photographe Justine Latour dans le livre Vivre cent ans, on se rend compte que la recette du bonheur est différente pour chacun. La facture visuelle de l’ouvrage est un sansfaute. Le genre de livre qu’on veut laisser traîner un peu partout dans la maison. Et dont la lecture nous insuffle un étonnant coup de jeune.
Éditions Marchand de feuilles, Montréal
Couleurs de l’incendie, par Pierre Lemaitre
Fort du succès de son roman Au revoir là-haut, couronné du prix Goncourt et récemment adapté au cinéma par Albert Dupontel, le romancier français Pierre Lemaitre récidive avec le deuxième tome de la trilogie, Couleurs de l’incendie. Après avoir dépeint avec ironie et talent les affres de la Première Guerre mondiale, il poursuit la généalogie des Péricourt avec un roman campé dans l’entre-deux-guerres, en plein cœur des années folles et de la Grande Dépression. Dans cette saga qui a le souffle des romans-feuilletons d’antan, l’auteur n’hésite pas à lancer quelques clins d’œil au lecteur, qui se laisse prendre au jeu. Un roman que l’on dévore comme un sac de chips!
Éditions Albin Michel, Paris
Ce qui restera, par Catherine Mavrikakis
Avec plus d’une dizaine de livres à son actif, Catherine Mavrikakis œuvre dans le milieu littéraire québécois depuis plus de 20 ans. Dans Ce qui restera, elle quitte la forme romanesque pour évoquer trois souvenirs d’enfance qui ont, croit-elle, dicté sa vie – elle est née à Chicago de parents immigrants et a grandi à Montréal. Le livre retrace dans l’intime cette filiation, qui est tantôt une bénédiction, tantôt une malédiction. Je l’ai rarement trouvée si accessible et touchante.
Éditions Québec Amérique, Montréal
Il n’y a pas d’erreur: je suis ici, par Éléonore Létourneau
Après ses deux premiers romans, Notre Duplex (2014) et Les choses immuables (2016), Éléonore Létourneau propose Il n’y a pas d’erreur: je suis ici, qui confirme son statut de conteuse redoutable. Entre les histoires de couples en perdition et les questions existentielles tant de fois abordées, Létourneau parvient toujours à creuser ses sujets un peu plus en profondeur. Ici, le récit d’un homme de 50 ans parti pour Venise nous plonge dans une vie en demi-teinte qui, peut-être, n’a pas pris les tournants souhaités, une vie qu’on n’a pas su mener à terme. Et si les réponses se trouvaient dans le nord de l’Italie?
Éditions Quai no 5, Montréal
L’enfer, par Sylvie Drapeau
L’excellente comédienne Sylvie Drapeau, qui s’était risquée au roman il y a quelques années, poursuit une œuvre intime et familiale avec L’enfer. Comme dans Fleuve, qui racontait la noyade de son frère alors qu’elle était âgée de cinq ans, et dans Ciel, qui abordait le décès de sa mère, la mort continue de rôder dans ce troisième opus. Ce roman clinique et autofictionnel sur la maladie de son autre frère (maladie qui le poussera au suicide) enquête sur les liens qui unissent «sa meute » comme elle la nomme. Vibrant hommage à la famille, au-delà de la mort.
Éditions Leméac, Montréal
Le sentier des bêtes, par Marie-Ève Bourassa
Marie-Ève Bourassa clôt cette année sa trilogie Red Light avec Le sentier des bêtes, troisième et ultime volet mettant en vedette un détective privé en plein cœur du Montréal des années 1920 et 1930. Rarement un polar historique aura évité avec tant de brio les clichés et l’excès de pédagogie qui guette le roman policier. Le souffle de Bourassa se maintient tout au long de la série, faisant la part belle au Montréal des années folles ; les histoires les plus glauques s’y succèdent mais ne se ressemblent pas. Un incontournable pour les fans du genre, j’ai traversé la trilogie en moins d’une semaine !
Éditions VLB, Montréal
Les loyautés de Delphine de Vigan
Après l’immense succès de Rien ne s’oppose à la nuit et D’après une histoire vraie, la Française Delphine de Vigan délaisse l’autofiction pour proposer un ouvrage rappelant ses premières œuvres. Avec Les loyautés, elle construit un roman polyphonique à quatre voix : Hélène l’enseignante, Théo à l’enfance difficile, Mathis l’ami de Théo et Cécile, la mère de Mathis. En suivant ces êtres trop rapidement projetés dans le monde adulte, le roman aborde avec finesse la violence psychologique dont les enfants sont trop souvent victimes. Delphine de Vigan signe ici un plaidoyer en faveur des promesses qu’on se fait… et de celles qu’on ne peut tenir.
Éditions JC Lattès, Paris
Un livre sur Mélanie Cabay, par François Blais
Un livre sur Mélanie Cabay est un petit récit qui voit grand. Auteur fécond, François Blais propose peut-être ici son texte le plus personnel. En 1994, entre le Rwanda et l’affaire O. J. Simpson, les médias ne savent plus où donner de la tête; Blais, lui, braque son attention sur le meurtre jamais élucidé de Mélanie Cabay,19 ans, qui disparaît un soir de juin en rentrant chez elle et dont le corps violenté est retrouvé quelques jours plus tard, à Mascouche. Blais parvient à créer une habile correspondance entre le funeste destin de la jeune femme et sa propre existence plutôt morne d’adolescent qui, avec ses modestes moyens, tentera de mener l’enquête. Séduisant!
Éditions L’Instant même, Québec
Grosse, par Lynda Dion
Quatrième roman de Lynda Dion, Grosse est une œuvre aboutie et réfléchie, portée par la violence de celle qui a déjà vécu. Au fil de cette autofiction, Dion aborde sans retenue son rapport au corps, au sien. Ponctué de dessins de jeunesse, le livre nous entraîne dans une lutte qu’elle se livre à elle-même. Dans cet ouvrage sans pudeur, elle signe un texte nécessaire sur le rapport à soi. Comment vivre la tête haute lorsqu’on se déteste ?
Éditions Hamac, Québec
Alice marche sur Fabrice, par Rosalie Roy-Boucher
Alice marche sur Fabrice aurait pu n’être que le sempiternel roman d’une quête de soi sur le chemin de Compostelle. Pourtant, Rosalie Roy-Boucher signe un premier recueil plein d’humour qui évite les pièges du genre. À la suite d’une rupture, Alice quitte le Québec et Fabrice, qui lui a brisé le cœur, pour se fondre parmi le flot des pèlerins. Au fil des sentiers qui sillonnent le roman, l’écrivaine nous mène habilement dans la quête identitaire d’une femme de 20 ans à la recherche de réponses qui, lorsqu’elles arrivent, n’ont jamais l’évidence d’une apparition divine.
Éditions de ta mère
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