Ce que votre médecin pense réellement pourrait vous offusquer
Le temps d’un médecin est une précieuse ressource et il faut rentabiliser chaque minute. Mais est-ce possible? Pour le savoir, Reader’s Digest a rencontré différents médecins et a établi une liste de leurs préoccupations. Puis nous avons réalisé une enquête nationale en demandant aux médecins de laisser libre cours à leurs émotions, en révélant ce qu’ils aimeraient vraiment dire à leurs patients.
Voici les 10 premiers points de la liste des sujets que les médecins aimeraient vous partager. Pensez-y lors de votre prochain rendez-vous et votre médecin vous en sera reconnaissant.
1. «Soyez honnête: si vous ne prenez pas vos médicaments tels que prescrits, dites-le.»
«Des patients qui ne prennent pas leurs médicaments? Cela se produit régulièrement. Des études ont démontré qu’au Canada, 20% des ordonnances ne sont jamais exécutées, et que la moitié médicaments prescrits sont pris incorrectement.», affirme le docteur Armstrong Mettle de Saskatoon.
Le docteur Steve Chambers, médecin de famille et ex-président de l‘Association médicale de l’Alberta explique que «les patients sont souvent inquiets de dire à leur médecin qu’ils ont décidé de suivre un autre traitement ou de ne pas prendre leurs médicaments. Ils ont peut-être subi des effets secondaires et ne veulent pas me blesser en le disant.»
Quoi faire? Dire à votre médecin ce que vous faites réellement. Pour prendre des décisions judicieuses, le médecin a besoin de toute l’information que vous pouvez lui donner.
2. «Si vous prévoyez être en retard ou rater le rendez-vous, prévenez mon bureau.»
Les médecins détestent attendre leurs patients tout comme ces derniers n’aiment par attendre le médecin. «Si vous êtes en retard, j’aurai moins de temps à vous consacrer et probablement moins de temps pour tous ceux qui vous suivent», affirme le docteur Sue Harris, directrice d’une clinique médicale pour les femmes et les enfants en Colombie-Britannique. C’est encore plus difficile lorsque le patient rate complètement son rendez-vous. Un médecin, au comble de l’exaspération, déclarait: «Après trois défections, pourquoi ne vous enverrai-je pas une facture? Un dentiste ou un avocat le font bien dès la première fois.»
Quoi faire? Lorsque vous n’êtes pas en mesure de vous présenter, annulez le plus rapidement possible.
3. «Si vous avez choisi la phytothérapie, un traitement naturel ou des produits en vente libre, dites-le moi.»
En 2010, une enquête Angus Reid a démontré que les deux tiers des Canadiens consomment une forme de suppléments nutritionnels et notamment des produits à base de plantes. «La croyance populaire veut que ces derniers ne soient pas aussi efficaces que les produits pharmacologiques», explique le docteur Mohamed Ravalia, de Twillingate à Terre-Neuve. À son avis, si le médecin ne fait pas directement allusion aux produits en vente libre lorsqu’il établit l’historique médical d’un patient, il y a peu de chances que ces derniers le fassent spontanément.
Quoi faire? «Si vous suivez un traitement complémentaire ou alternatif, c’est important que votre médecin le sache. Informez le médecin sur tous les médicaments ou les suppléments que vous consommez pour qu’il ait le portrait global de vos pratiques médicales.», conseille Steve Chambers.
4. «Vous devez perdre du poids.»
Plus de trois millions de Canadiens souffrent d’obésité, suffisamment pour que le journal de l’Association médicale canadienne parle d’épidémie. Le docteur Mark Fromberg, médecin de famille à Kelowna en Colombie-Britannique, est d’avis que les gens considèrent l’obésité en termes d’apparence corporelle et ne réalisent pas qu’elle est une condition préalable à près de 35 problèmes de santé et notamment le cancer, les cardiopathies, la défaillance des organes et la dépression.
Quoi faire? Admettre que l’excès de poids est une menace pour votre état de santé et prendre les moyens requis pour contrôler votre poids.
5. «Dites-moi ce qui vous préoccupe dès votre arrivée et non au moment de partir.»
«Vous passez du temps à parler d’un ongle incarné alors que le problème réel est une douleur à la poitrine,» mentionne le docteur Sharon Salloum, médecin de famille et directrice des compétences cliniques auprès des étudiants de première année de médecine à l’Université de Colombie-Britannique. Elle comprend pourquoi les gens gardent souvent le pire pour la fin: ils sont nerveux et inquiets. «Mais s’il y a quelque chose qui vous tracasse réellement, parlez-en en premier lieu parce que cela mérite d’y accorder du temps.»
Les médecins qui ont participé à l’enquête ne sont pas unanimes sur la conduite à suivre lorsqu’un patient a plusieurs préoccupations. Pour sa part, Sharon Salloum aime bien dresser la liste complète puis elle établit les priorités. «Je décide de ce que je vais traiter en premier, généralement le trouble qui pose une menace pour la vie ou le plus compliqué.» Mais un autre collègue a la philosophe de: «traiter un problème à la fois.»
Quoi faire? Demander à votre médecin comment il préfère travailler. Si votre liste est longue, ne pensez pas tout régler en une seule visite.
6. «L’ordonnance n’est pas obligatoire.»
«C’est toujours la même chose, particulièrement avec les antibiotiques, explique le docteur Shelby Karpman, un médecin d’Edmonton. À cause de ce qu’ils voient dans les médias ou de ce que leurs amis disent, les patients croient généralement que s’ils reviennent de chez leur médecin sans une ordonnance, ils n’ont pas été bien traités. Très sincèrement, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de situations qui demandent un traitement antibiotique. J’ai de nombreux patients qui viennent pour des symptômes de rhume ou de grippe et qui insistent pour avoir des antibiotiques même si ce n’est pas ce qui leur convient. Il faut du temps pour expliquer que les antibiotiques ne combattent pas les virus; plusieurs d’entre eux se tournent alors vers une clinique sans rendez-vous où ils verront un médecin plus enclin à voir un grand nombre de patients qu’à faire leur éducation. Ils rédigent une ordonnance pour le patient qui, une fois sorti, se dit qu’à la prochaine grippe, il ne retournera plus chez Karpman.»
Quoi faire? N’oubliez pas qu’un traitement non médical fonctionne aussi bien ou même mieux que des pilules.
7. «Lorsque vous venez me voir, décrivez-moi clairement vos symptômes.»
«Je ne suis pas un médium, précise l’un des médecins. Jouer à «Rendez visite au médecin» est une perte de temps pour tout le monde et un mauvais traitement pour vous. Sharon Salloum recommande au patient de faire une liste chronologique des symptômes avant de venir à son rendez-vous. À quel moment ont-ils débuté? Est-ce mieux ou pire? Dans quel cas la situation s’améliore-t-elle? Où est localisée la douleur? Est-elle irradiante?»
Quoi faire? Être direct, concis, précis et préparé. Identifier le moment où les symptômes sont apparus, quelle est leur force et leur fréquence.
8. «Ne vous attendez pas à renouveler une ordonnance par téléphone. J’ai besoin de vous revoir.»
L’un des médecins ne mâchait pas ses mots en affirmant: «je ne suis pas payé pour offrir un service téléphonique.» D’autres médecins insistent sur l’importance d’une visite de suivi pour vérifier si les médicaments ont l’effet escompté. «Plusieurs patients disent qu’ils se sentent bien et ne voient pas pourquoi ils consacreraient du temps et des efforts pour voir le médecin seulement pour obtenir une ordonnance.», explique le docteur Jay Danforth d’Edmonton qui ajoute qu’ il ne s’agit pas uniquement de renouveler l’ordonnance. Il faut seulement cinq minutes pour demander: vous sentez-vous bien? Ou pour prendre la pression. Nous regardons le patient, la façon dont il marche, son état général et d’autres détails. Une rencontre avec le médecin dépasse le simple fait de poser des questions et recevoir des réponses. On regarde l’habillement et le comportement. C’est instinctif, mais les patients ne le remarquent pas.»
Quoi faire? Connaissez le nombre de renouvellements de votre ordonnance et soyez compréhensif si le médecin ne veut pas la renouveler au téléphone.
9. «Lavez-vous avant de venir à mon bureau!»
«Je comprends que parfois, un patient arrive du travail, dit Mark Fromberg. Mais certains sont habituellement sales. Certains de mes patients qui souffrent d’incontinence urinaire dégagent toujours une odeur d’urine. Sincèrement, je ne peux pas leur accorder tout le temps dont ils ont besoin parce que je suis incommodé par l’odeur.»
Quoi faire? Peut-être qu’il est difficile de trouver l’énergie de vous montrer à votre meilleur, surtout lorsque vous ne vous sentez pas bien. Mais l’hygiène de base est un préalable.
10. «Ne croyez pas que j’ai lu les dizaines d’articles que vous avez consultés sur Internet.»
Répétez après nous: «Wikipédia n’est pas votre docteur».
«Internet contient plus de mauvaises informations que de bonnes», prévient Jay Danforth. «Un de mes patients était pilote d’avion et quand j’ai refusé de le laisser piloter, il s’est mis à argumenter et m’a submergé de 1500 pages d’informations téléchargées d’Internet. Aucun de ces arguments ne reposait sur des bases scientifiques solides ou n’était appuyé par les études d’autres chercheurs, mais tous soutenaient sa position.»
Quoi faire? Demander à votre médecin de vous recommander des sites fiables. «Pour mieux connaître le diabète, consultez le site de l’Diabète Québec. Le site de la Fondation des maladies du cœur contient toute l’information pertinente sur les maladies du cœur. Les sites de ce genre sont très utiles.», estime Jay Danforth.
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